INCLUSION

1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieux d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Aucune loi ou politique ne propose de définition arrêtée de l’éducation inclusive ou de « besoins éducatifs spéciaux ». Le Plan intérimaire de l'éducation au Tchad (PIET, 2018-2020) parle d’une approche inclusive, participative et multisectorielle à instaurer, pour tous, sans toutefois définir cette approche.

Le Cadre national d’orientation du curriculum de l’enseignement fondamental (2008) privilégie une pédagogie différenciée et stipule que le curriculum doit privilégier la pédagogie de l’intégration. Le cadre soutient que le maître doit s’adapter à l’élève, qu’ « il n’y a pas de petites réussites » et que « l’école doit bannir l’exclusion et réaffirmer sa volonté de transmettre à tous les enfants une culture de formation commune ».

Le Plan d’action national de l’Éducation pour tous (2002) accorde une attention particulière aux filles et aux enfants des milieux défavorisés (enfants nomades, insulaires) ou ayant des besoins éducatifs spécifiques (déficients auditifs, visuels et autres handicaps).

 

  1. Organisation scolaire

Le PIET (2018-2020) affirme que l’école doit être « inclusive et accessible à tous » et soutient la création des « structures spécialisées d’encadrement des enfants ayant dépassé l’âge légal de scolarisation (EBNF) » qui permettra d’assurer l’éducation des enfants exclus du système et d’améliorer progressivement le pourcentage des enfants ayant l’âge requis (6 ans) pour entrer au CP1.

Le dépistage et l’évaluation des handicaps physiques et intellectuels et le suivi de la santé de ces apprenants sont assurés gratuitement par les structures de santé scolaire et universitaire.

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

De façon générale, la loi 16/PR/2006 énonce que « le droit à l'éducation et à la formation est reconnu à tous sans distinction d'âge, de sexe, d'origine régionale, sociale, ethnique ou confessionnelle ». L’article 40 de la Constitution soutient à cet effet que l'État et les collectivités autonomes créent les conditions et les institutions qui assurent et garantissent l'éducation des enfants, la promotion du genre et des personnes handicapées. Or, le pays n’a pas signé la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement.

Au niveau national, le PIET (2018-2020) cible particulièrement les enfants « en situation difficile » (les handicapés, les insulaires, les enfants en milieu nomade, enfants victimes des catastrophes naturelles) et « les plus vulnérables » (les filles, les enfants des écoles coraniques). Pour cette période, 0,6 % des activités du PIET portent sur l’éducation inclusive. Une politique d'éducation inclusive (basée sur une étude de besoins) devait être élaborée en 2018 par le MENPC et mise en œuvre par le DPNIES. Cela étant, l’éducation inclusive n’est pas formellement encadrée dans le système éducatif, hormis quelques initiatives ponctuelles et divisées.

Handicap

La loi 007/PR/2007 reconnaît les droits à l’éducation et à la formation aux handicapés et encadre l’appui des collectivités territoriales décentralisées. Larrêté 337/MEN/DG/95 « exonère les élèves attestés handicapés des frais d’inscription dans tous les établissements publics » et stipule que les écoles privées peuvent bénéficier d’une réduction dont le taux est laissé à la discrétion des responsables desdites écoles.

L’ONG Centre d’éducation spécialisée pour enfants attardés (CESER) assure la formation de personnes handicapées mentales (trisomie, autisme, psychose, polyhandicap, etc.) de N’Djamena à travers un cycle de formation d’une durée de six ans (CP1 au CM2). La Fondation Jean Paul II propose des ateliers de perfectionnement en vue d’une meilleure insertion socio-économique de ces apprenants (en maroquinerie et en agriculture et élevage). L’ONG COOPI a également implémenté un programme d'éducation inclusive et de soutien psychosocial dans la Région du Lac.

Genre

La Constitution énonce que « l'État a le devoir de veiller à l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme et d'assurer la protection de ses droits dans tous les domaines de la vie privée et publique ». Il convient ainsi selon la loi de promouvoir la scolarisation des filles par la levée des stéréotypes et autres « pesanteurs socio-économiques et culturelles » qui entravent le processus d’apprentissage.

Le Décret 414/PR/PM/MEN/2007 encadre les activités de la Direction de la promotion de l’éducation des filles, qui est responsable de la mise en œuvre de la Politique du gouvernement en matière d’impulsion et d’accélération de la scolarisation des filles (2004-2015) (initiative 25). Cette Politique se veut « dans le respect de la parité entre filles et garçons ». En parallèle, le PIET (2018-2020) prévoit l’attribution de bourses d’études aux enfants vulnérables, dont les filles issues des zones défavorables (18 millions de CFA en 2019). Ce plan recommande aussi de créer au moins un collège des filles dans chaque département et un lycée féminin dans chaque région. Il encadre aussi le Programme d’éducation de base et parité de sexe. Depuis 2007, la Direction de la promotion de l'éducation des filles est aussi responsable de l'organisation, de l'animation, du suivi et de l'évaluation de la mise en œuvre de la politique gouvernementale en matière d'impulsion et d'accélération de la scolarisation des filles.

Ethnicité et langues

La Constitution rend obligatoire l’enseignement dans les deux langues officielles, le français et l’arabe, dans tous les établissements scolaires. Le gouvernement a aussi adopté une politique d'éducation bilingue (français et arabe) au niveau de l'enseignement de base. Le PIET (2018-2020) vise à cet effet la promotion de la diversité culturelle par un programme d'éducation à ce sujet. Différents programmes sont en place dont le Programme d’appui à l’enseignement bilingue français arabe (PAEB) et le Projet de développement de l’enseignement bilingue primaire (PRODEB). Toutefois, peu de détails sont disponibles quant à l’application et les retombées de ces programmes.

Pauvreté

Le PIET (2018-2020) propose certaines mesures comme l’ouverture de cantines scolaires, l’octroi de kits scolaires et le développement de partenariats école/communauté. Le Programme alimentaire des Nations Unies (PAM) fournit des repas scolaires aux enfants défavorisés des zones à déficit céréalier chronique. Le PAM appuie le Tchad dans sa politique de scolarisation des enfants les plus démunis. Ce programme est soutenu par le gouvernement tchadien.

Élèves réfugiés et déplacés

Le pays s’est doté d’une Stratégie éducative pour les réfugiés (2013-2016), qui adopte toutefois une politique de cantonnement dans des camps. Le Tchad a prélevé sur le financement convenu du Partenariat mondial pour l'éducation en 2015 une part de 7 millions de dollars EU qu’il a allouée à un programme d’urgence destiné à couvrir les frais de cantine, de construction d’écoles et de matériel pédagogique. Le Programme alimentaire des Nations Unies (PAM) fournit des repas scolaires aux enfants déplacés au Tchad et aux enfants défavorisés des zones à déficit céréalier chronique. En 2018, le Gouvernement a rattaché au système éducatif national 108 écoles situées dans 19 camps et sites d’hébergement de réfugiés. Enfin, le PIET (2018-2020) prévoit la mise en place d’espaces temporaires d’apprentissage. 

 

  1. Gouvernance

La responsabilité d’instaurer une approche inclusive en éducation est répartie entre plusieurs Ministères, dont le ministère de la Solidarité et de l’Action sociale (responsable de l’enseignement préscolaire), le ministère de l’Éducation nationale (MEN) et de l’Enseignement fondamental ainsi que le ministère de la Formation professionnelle et des petits Métiers du secondaire et de l’Enseignement professionnel et technique. Le ministère de l’Enseignement supérieur s’occupe des universités.

 

  1. Milieux d’apprentissage

Infrastructures

L’article 20 de la loi 007/PR/2007 soutient que les maîtres d'ouvrages publics doivent prévoir des rampes d’accès dans la construction des édifices, et ce également dans les collectivités territoriales décentralisées. À cet effet, le Projet de renforcement de l’éducation au Tchad (PREAT) vise à améliorer l’accès à l’enseignement primaire à travers l’amélioration de son infrastructure scolaire dans les zones les plus démunies.

Curriculum et matériel didactique

Le PIET (2018-2020) soutient la connexion de villages aux TIC à travers des points d’accès communautaires pour favoriser la mise en place progressive d’une « société informatique inclusive ». Le Projet de renforcement de l’éducation au Tchad (PREAT) fournit des manuels de lecture, de mathématiques et de sciences, des ardoises et des guides de l'enseignant pour l'enseignement primaire. En outre, il diffuse des matériels pédagogiques « supportant les messages d'éducation formelle inclusive ».

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

Les futurs enseignants du primaire sont formés à la pédagogie spéciale à raison de trois heures par semaine et en psychologie à raison de deux heures par semaine pendant trois ans.

Le Tchad a envoyé un plus grand nombre d’enseignants tchadiens dans les camps de réfugiés pour y enseigner le français, l’instruction civique et la géographie tout en revalorisant les qualifications des enseignants réfugiés afin que ces derniers soient dûment certifiés et aptes à enseigner dans les écoles publiques. De 2012 à 2014, 98 enseignants réfugiés originaires de République centrafricaine ont suivi une formation diplômante au Collège de formation de Doba. De 2012 à 2016, 341 enseignants réfugiés soudanais ont également obtenu un diplôme décerné par le Collège bilingue de formation des enseignants d’Abéché au terme d’un cursus de deux ans réparti sur les mois d’été. De nouveaux groupes d’enseignants soudanais suivent actuellement une formation, et dans le camp de Djabal, quelques enseignants travaillent de façon provisoire dans des écoles tchadiennes. Les gouvernements du Tchad et du Soudan ont signé un accord conjoint avec l’UNESCO, l’UNICEF et le HCR pour que les diplômes et les équivalences soient reconnus lorsque les enseignants soudanais rentreraient dans leur pays d’origine.

 

  1. Suivi des données

Le pays n’a pas de rapport national de suivi sur l’éducation. Il n’a pas non plus d’indicateurs clairement définis pour mesurer l’éducation inclusive.

Dernière modification:

lun 22/06/2020 - 11:14

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