INCLUSION
3. Lois, plans, politiques et programmes
6. Enseignants et personnel de soutien
Le Plan sectoriel Éducation/Formation (PSEF)2016-2025 reconnaît que l’enjeu d’ici 2025 est de s’assurer que le système éducatif offre à tous les enfants et adultes une éducation et une formation de qualité, équitable et inclusive qui prenne en compte les besoins de transformation du citoyen. Toutefois, le Plan ne présente aucune définition arrêtée de l’éducation inclusive.
L’article 32 de la Constitution souligne le droit à l'éducation et à la formation professionnelle des personnes vulnérables, dont les enfants, les femmes, les mères, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.
Selon l’article 6 de la loi 98-594, les personnes handicapées ont droit à l’éducation, soit dans les écoles ordinaires, soit à défaut dans des institutions spécialisées en fonction des besoins particuliers.
Dans les dernières années, il y a eu un effort pour une intégration des enfants handicapés dans les classes ordinaires. Le ministre de l’Éducation appelait en 2017 à une intégration totale des enfants porteurs de handicaps dans les classes ordinaires. Selon la direction des écoles, lycées et collèges, avec le concours de l’École nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée (ENSEA), les quatre années d’expérimentation (2014-2017) de l’école inclusive dans le cadre d’un projet pilote ont permis l’intégration de 82 enfants sourds, dont 30 filles.
Ajoutons que depuis 2006-2007, le pays a opté pour l’approche « École amie des enfants, amie des filles », qui a mené à l’adoption de Normes nationales afin de transformer progressivement les premières écoles ciblées en espaces inclusifs, protecteurs, conviviaux, de paix et de tolérance pour les apprenants. Un comité de pilotage a été établi dans le cadre de ce projet.
Selon la Direction des stratégies, de la planification et des statistiques (DSPS) du ministère de l’Éducation nationale, quelque 1 409 écoles islamiques, dont 244, soit 17 %, sont intégrées dans le système éducatif national ivoirien.
Le PSEF 2016-2025 est aligné avec l’ODD 4 et inclut une politique de scolarisation obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans, exprimant « la volonté politique de rendre l’école ivoirienne plus inclusive […] et soucieu[se] de la prise en charge des exclus conformément aux engagements nationaux et internationaux du pays, notamment en faveur du cadre d’action Éducation 2030 ».
L’arrêté 0111/MENET/CAB du 24 décembre 2014 en son article 5 alinéa 6 interdit « toute forme de discrimination, notamment celle basée sur l’ethnicité, la religion, la race, la situation sociale, le genre et le handicap de l’élève » et l’alinéa 7 ajoute à ces interdictions « toute forme de propos à caractère insultant, humiliant, discriminatoire ou raciste à l’endroit de l’élève ».
Le Rapport sur la mise en œuvre de la Convention et de la Recommandation concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement de 2016 affirme enfin que plusieurs mesures ont été adoptées ou sont en cours pour éliminer et prévenir la discrimination dans le système éducatif.
L’arrêté interministériel 0089/MENETFP/MEPS/MEFFE portant création, attribution, organisation et fonctionnement de plateforme de mise en œuvre de l’éducation inclusive en Côte d’Ivoire a été fixé le 25 juin 2019.
Personnes en situation de handicap
Le pays a ratifié la Convention relative aux Droits des Personnes handicapés (CDPH) le 10 décembre 2014. L’article 33 de la Constitution du pays affirme également que l’État et les collectivités publiques protègent les personnes en situation de handicap contre toute forme de discrimination. En parallèle, une politique nationale de promotion des personnes handicapées qui met l'accent sur l’éducation et la formation a été élaborée en 2018.
La loi 98-594 du 10 novembre 1998 d'orientation en faveur des personnes handicapées établit que les personnes handicapées ont droit à l’éducation soit dans les écoles ordinaires soit à défaut dans des institutions spécialisées en fonction des besoins particuliers de chacune d’elles. L’État s’engage à prendre en charge les dépenses d’enseignement et de première formation professionnelle des enfants et adolescents handicapés.
Des projets ont été créés pour favoriser l’inclusion des enfants handicapés. Le projet Éducation inclusive en Côte d’Ivoire, démarré dans l’Agneby-Tiassa depuis l’année scolaire 2017-2018, encadre aujourd’hui 128 enfants malentendants, inscrits respectivement dans les classes de CE1, CE2 et CM1 à l’école primaire publique d’Obodjikro 1. Ces enfants sont formés principalement par quatre enseignants inclusifs à partir du langage des signes. Le ministre de l’Éducation favorise ainsi l’intégration des enfants handicapés dans les classes ordinaires.
Genre
Il y a eu des efforts pour soutenir l’accélération de l’éducation des filles avec les principales activités suivantes : (i) la pratique des prix d’excellence en faveur des filles ayant réalisé de bonnes performances scolaires, (ii) la fourniture de rations alimentaires sèches à emporter à la maison dans les zones les plus défavorisées en vue de leur maintien à l’école, (iii) l’attribution de bourses d’études aux filles vulnérables de la classe de sixième, (iv) la mise en œuvre de stratégies durables de lutte contre les grossesses précoces, (v) et l’éducation à l’hygiène menstruelle pour les filles pubères et leur soutien minimum requis pour réduire les absences des filles à l’école.
Zones rurales
Les collèges de proximité sont des écoles locales répondant aux besoins des enfants des zones rurales. Le taux de scolarisation croissant dans ces écoles devrait encore augmenter avec l'adoption de la nouvelle politique d'éducation obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans. Dans ce contexte, de nouveaux collèges ont été construits dans le cadre de deux projets majeurs de développement de l’éducation de base, financés par le Partenariat mondial pour l’éducation (PME) via le Projet d’appui à l’éducation de base (PUAEB) et par l’Agence française de développement (AFD) via le Contrat de désendettement et de développement (C2D).
Au niveau national,
- le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle
- le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
- le Secrétariat d'État à l'Enseignement technique et à la Formation professionnelle
sont engagés dans un processus de planification sectorielle depuis 2007 pour l’éducation inclusive. Ils travaillent en collaboration avec :
- le ministère de l'Emploi, des Affaires sociales et de la Formation professionnelle
- le ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant
- le ministère de l'Économie et des Finances
pour offrir une éducation inclusive sur tout le territoire.
Localement, les Groupes de travail sur la protection de l’enfant en milieu scolaire coordonnent les initiatives se rapportant aux actions de protection de l’enfant en milieu scolaire en collaboration avec les ministères responsables de la justice, de la santé et de la communication ainsi que les ONG et les partenaires techniques et financiers. Des comités locaux sont aussi responsables de la sensibilisation communautaire ainsi que de l’identification des élèves en situation de handicap qui sont orientés vers les centres sociaux de préparation à l’école.
Les principaux partenaires à l’éducation inclusive sont l’UNICEF, l’Union européenne et les ONG Société sans barrières (qui assure la formation et le suivi technique des enseignants jusqu’à leur autonomisation) et Chritofffel Blidenmission (CBM). Faute de politique, il n’y a pas d’instance qui coordonne les activités d’éducation inclusive.
Infrastructures
En 2018-2019, sur 17 615 écoles primaires recensées, 315 disposaient de rampes (1,8 %), 154 de toilettes spécifiques (0,8 %) et 12 de fauteuils roulants. Parallèlement, sur 2 019 écoles secondaires recensées, 116 disposaient de rampes (5,7 %), 88 de toilettes spécifiques (4,3 %) et 19 de fauteuils roulants (0,9 %).
Curriculum
Depuis le lancement de l’Initiative des Nations unies pour l’éducation des filles en 2005, le ministère de l’Éducation a encouragé l’intégration de la dimension de genre dans les programmes d’études pour la période 2009-2012. En 2012, l'introduction de l'éducation aux droits humains et à la citoyenneté en tant que nouvelle matière dans les programmes scolaires avait pour objectif de promouvoir la cohésion sociale.
Matériel didactique et TIC
Entre 2009 à 2012, l'intégration de la dimension de genre dans les programmes d'enseignement a conduit à la révision des manuels scolaires. Toutefois, les investissements pour l’achat de livres et de matériel didactique sont encore insuffisants.
L’Institut national de formation sociale (INFS) est responsable de la formation des assistants sociaux, des éducateurs préscolaires et des éducateurs spécialisés. Toutefois, il n’offre pas de formation sur l’éducation inclusive. Le PSEF 2016-2025 vise à renforcer la formation initiale des enseignants et à mettre en œuvre une stratégie d'incitation au recrutement et à la rétention des femmes dans la profession enseignante.
Le Plan d’action à moyen terme (PAMT) 2012-2014 avait proposé un programme comprenant des incitations pour les enseignants à travailler dans des zones difficiles et isolées. Dans le cadre de la réorganisation du premier cycle de l’enseignement secondaire (PCES), le pays a également pour objectif de recourir à des enseignants bivalents pour la viabilité des collèges de proximité.
En 2018-2019, dans l’enseignement primaire, 105 enseignants étaient formés en langage des signes et 45 en alphabet braille, contrairement à 12 enseignants formés en langage des signes et 5 en alphabet braille au secondaire.
Le pays ne possède pas de rapport de suivi sur l’éducation ni d’indicateurs sur l’éducation inclusive. Le PSEF 2016-2025 mentionne toutefois ces indicateurs : indice de parité entre les sexes dans le préscolaire ; proportion d’écoles ayant les commodités requises (électricité, clôture, point d’eau lave-main et latrines séparées fonctionnelles) ; proportion des enfants issus des classes passerelles intégrés dans le système éducatif formel ; proportion d’écoles disposant d’une cantine fonctionnelle ; proportion de collèges en zones rurales disposant de cantine ; et proportion d’élèves du public bénéficiant d’un kit scolaire.