INCLUSION

1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieux d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Éducation inclusive

Selon le Plan transitoire de l’éducation (PTE) 2018-2020, l’éducation inclusive est l’enseignement des personnes ayant des « besoins spéciaux » par le biais d’une « éducation adaptée à leurs besoins et à leurs possibilités en vue de les préparer à un avenir socio-professionnel décent ».

Besoins éducatifs particuliers

Le PTE 2018-2020 définit les « enfants à besoins spécifiques », notamment ceux touchés par la grande pauvreté, les orphelins, ceux porteurs de handicaps ainsi que les victimes directes ou indirectes du VIH/SIDA. De façon similaire, le Plan sectoriel de développement de l’éducation et de la formation (PSDEF) 2012-2020, mentionne les élèves « vulnérables » réfèrent par exemple à ceux ayant un handicap, les orphelins, les enfants de la rue, les indigènes et les enfants soldats. Les élèves des écoles éloignées des centres de décision et ceux ayant des parents non instruits et un niveau élevé de pauvreté sont aussi plus vulnérables. Mais selon l’article 3 du décret 1/19 du 10 septembre 2013 sur l’organisation de l’enseignement de base et secondaire, les personnes ayant des « besoins particuliers » sont celles qui se heurtent à des obstacles importants dans leur apprentissage (par exemple, ceux ayant des troubles du langage ou de l’attention, etc.) ou qui ont une limitation motrice ou sensorielle. Les quatre types de déficience suivants sont mentionnés : physique, intellectuelle, auditive et visuelle.

 

  1. Organisation scolaire

L’enseignement spécial des personnes handicapées est fixé par décret et est sous la responsabilité du ministère de la Solidarité nationale. Différents centres d’enseignement spécial ciblent les sourds-muets, les personnes ayant un handicap physique et les non-voyants en leur offrant des soins kinésithérapeutiques, un enseignement primaire et des métiers ainsi que des traitements et des exercices de rééducation motrice.

Par ailleurs, étant donné le peu d’infrastructures accessibles, seuls les enfants ayant un handicap physique léger, qui savent écrire, se déplacer facilement, parcourir de longues distances et s'adapter à la structure physique des bâtiments destinés aux enfants non handicapés peuvent être inscrits dans les écoles primaires publiques. Ainsi, les enfants ayant un handicap plus sévère sont souvent exclus de l'enseignement général.

Depuis 2012-2013, les élèves malvoyants et malentendants ayant réussi l’examen national de 6e année sont orientés vers le lycée Notre-Dame-de-la-Sagesse de Gitega, où ils poursuivent leurs études avec les autres élèves sans handicap. Au cours de la deuxième année du projet, 13 élèves malvoyants et 16 malentendants étaient inscrits. Ces derniers ont été encadrés par des enseignants réguliers, deux enseignants spéciaux et deux spécialistes de l'alphabet braille et de la langue des signes. Les évaluations en classe ont été traduites, tout comme les réponses données par ces élèves.

En 2012, l’École normale spéciale a été désignée pour piloter l’éducation inclusive au niveau de l’enseignement supérieur par la lettre 610.7 / 274/2012.

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

L’éducation inclusive ou l'éducation pour les élèves en situation de handicap ne sont pas mentionnées dans la constitution actuelle du Burundi (adoptée en 2005). Toutefois, l'article 22 stipule que nul ne peut faire l'objet de discrimination en raison de son origine, de sa race, de son handicap physique ou mental. Avec le décret-loi 610/902 du 6 mai 2015, une cellule éducation inclusive été créée au sein du ministère de l’Éducation. L’article 15 de la Loi sur l’enseignement de 2013 ajoute que les personnes ayant des besoins spéciaux ont le droit de bénéficier d’une éducation adaptée à leurs besoins et à leurs possibilités en vue de les préparer à un avenir socio-professionnel décent. Le pays ne possède pas de stratégie nationale de promotion de l’éducation inclusive.

Handicap

Le pays a ratifié la Convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées en 2014, mais il n'y a pas encore de loi qui explique comment cette convention sera mise en œuvre dans le contexte burundais. Par le décret 100/025 sur l’Organisation de l’éducation préscolaire, l’identification des handicaps est assurée par l’État et garantit la protection de l’enfant. En parallèle, l’article 30 de la loi 1/03 du 10 janvier 2018 portant promotion et protection des droits des personnes handicapées au Burundi stipule que toute personne handicapée sans distinction de genre a droit à des chances égales en matière d’enseignement dans un cadre adapté. En 2019, un chapitre dans la Politique nationale sur les droits des personnes handicapées portera sur l’éducation inclusive.

L’éducation inclusive est principalement mise en œuvre par des programmes pilotes avec des partenaires (PTE 2018-2020), dont Handicap international (HI). Par exemple, le projet à Bujumbura a permis l’inclusion de 887 élèves handicapés dans 45 écoles primaires et secondaires « satellites », c’est-à-dire des écoles où sont envoyés les enfants des villages qui n’ont pas d’écoles. Aussi, HI a instauré un système de « parents éducateurs pairs » qui permet à chaque enfant (en particulier aux enfants handicapés) d’aller à l’école. Ces 80 parents âgés de 30 à 65 ans et issus de huit municipalités et de quatre provinces ont été formés par HI sur les solutions à apporter aux difficultés rencontrées au quotidien. En 2016-2017, 1 174 enfants handicapés ont été inscrits à l’école grâce à leur aide.

Genre

Le PTE 2018-2020 prévoit la construction de latrines séparées et de points d’eau dans les programmes de construction scolaires. Il prévoit également des actions de vulgarisation et de sensibilisation du contenu de la loi 1/13 du 22 septembre 2016 portant sur la prévention, la protection des victimes et la répression des violences basées sur le genre.

Diverses initiatives visent l'égalité des sexes dans l'éducation, dont l’émission de radio Nderagakura qui porte sur l’éducation et la sensibilisation pour la scolarisation des filles et l’adoption d’une stratégie « Équité genre » dans l’enseignement primaire et secondaire.

Ethnicité et langues

En décembre 2018, le Conseil des ministres a décidé que le kirundi serait enseigné à l’écrit et le français à l’oral dès la première année. Cette langue est enseignée à l’écrit à partir de la deuxième année. L’anglais est intégré à partir de la troisième année, d’abord à l’oral, puis à l’écrit à partir de la cinquième année et le kiswahili est introduit en cinquième année, d'abord à l’oral, puis à l’écrit en sixième année.

Pauvreté

Le Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté II (2012-2015) repose sur quatre piliers, dont la promotion de l’égalité du genre et la coordination structurée entre les différents ministères chargés de l’éducation.

Le ministère de l’Éducation et ses partenaires élaborent actuellement une politique nationale d’alimentation scolaire. En novembre 2018, le Conseil des ministres a adopté un « projet de cantine scolaire endogène » afin de réduire l’insécurité alimentaire et la malnutrition des enfants en âge scolaire et préscolaire. Ce projet encourage l’inscription et la fréquentation scolaire des enfants.

Enfin, le PTE 2018-2020 promeut la gratuité de l’enseignement fondamental et cherche à accroître la distribution des fournitures scolaires au profit des enfants des écoles des communes les plus vulnérables.

Enfants ayant interrompu leur scolarité

Le PTE 2018-2020 vise à soutenir les enfants ayant interrompu leur scolarité par des mesures de suivi (suivi routinier de l’assiduité, identification des enfants déplacés) et de prise en charge (mesures pédagogiques et administratives d’adaptation des enseignements et des horaires, distribution de fournitures scolaires, etc.).

 

  1. Gouvernance

Le champ de l’éducation spéciale et inclusive a été longtemps dominé par les confessions religieuses et les organisations de la société civile. Le rôle de l’État ne s’est affirmé que progressivement grâce à la mise en œuvre de projets pilotes soutenus par les ONG et les organisations internationales.

Selon le PTE 2018-2020, la gouvernance du secteur devra être restructurée :

  • par le biais du recensement de tous les acteurs œuvrant dans le domaine sur le territoire burundais
  • par l’élaboration d’un document stratégique national pour l’éducation inclusive
  • par la mise en place d’une plateforme / groupe de travail interagence et interministériel pour le suivi de la stratégie nationale.

Le plan prévoit de renforcer la capacité des acteurs par le biais de l’appui de la cellule d’éducation inclusive et de soutenir des activités de mobilisation communautaire en vue de favoriser l’accès à l’école des jeunes en situation de handicap. Notons qu’une cellule de l’éducation inclusive attachée au Cabinet du ministère de l’Éducation a été mise en place en 2016 avec des missions précises.

 

  1. Milieux d’apprentissage

Infrastructures

Selon le PTE 2018-2020, les mesures déjà entreprises en faveur des élèves à déficience visuelle seront reconduites : achat de matériel didactique, transcription en braille des manuels pour le cycle 1 du fondamental et recrutement d’encadreurs en langue des signes et en écriture braille.

Curriculum et matériel didactique

Le PTE 2018-2020 indique que l’encadrement de proximité soutient la mise en œuvre des politiques importantes pour l’enseignement fondamental à travers,  par exemple, la mise en place progressive des nouveaux curricula et le recentrage dans le cycle 1 sur l’apprentissage de la lecture.

 

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

Le PTE 2018-2020 prévoit de renforcer la capacité des acteurs par des équipements, le développement des structures de formation initiale et la formation des conseillers pédagogiques et des inspecteurs. Une autre action visera la création d’un groupe de formateurs nationaux spécialisés en éducation inclusive et un meilleur équipement en outils didactiques. Ces formateurs interviendront dans 46 écoles dans un projet pilote. Aussi, le Plan prévoit des sessions de remise à niveau en français et en langues dans les filières formant les futurs enseignants.

Cela étant, les professeurs formés à l’inclusion sont très peu nombreux et peu formés au-delà de l'école de base. Ainsi, sans formation, l'inclusion s'arrêtera à l'école primaire. Du point de vue du handicap, les filières « éducation spéciale » en enseignement supérieur offrent des cours généraux sur le handicap et les approches pédagogiques liées ainsi qu' une formation sur le langage des signes et le braille.

Dans les structures de formation formelles, seuls des psychologues et les enseignants généraux sont formés. Il y a un manque de personnel qualifié (enseignants spécialisés, pédologues, audiologistes, orthophonistes, thérapeutes, physiothérapeutes, etc.) dans les centres spécialisés (et davantage dans les écoles régulières).

 

  1. Suivi des données

Le pays ne possède pas de rapport de suivi sur l’éducation.

Toutefois, l’ordonnance ministérielle 610/902 du 6 mai 2016, le PTE 2018-2020 et le Forum national sur l’éducation inclusive tenu en mai 2017 prévoient tous l’insertion dans la base de données « SIGE » du ministère de l’Éducation des indicateurs sur l’éducation inclusive (effectifs par type de handicap, informations sur les infrastructures et suivi sur les formations du personnel sur l'inclusion).

Dernière modification:

dim 21/06/2020 - 23:00

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