INCLUSION

1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieu d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Éducation inclusive

Dans le Forum sur l’éducation inclusive organisé par le ministère de la Famille et de l’égalité des chances, avec le soutien de l’UNICEF, l’accent était mis sur les enfants en situation de handicap dans le système éducatif gabonais. En outre, dans le Plan décennal pour la réalisation des OMD (2008-2018), l’État mentionne que les modules de l’éducation intègrent les dimensions d’inclusion des « populations vulnérables » à la vie économique et sociale. Cela étant, aucune définition arrêtée de l’éducation inclusive ne figure dans les documents ministériels officiels.

Besoins éducatifs particuliers

Dans la Revue par les pairs en éducation en Afrique de 2011, il est mentionné sous le titre dédié aux enfants avec des besoins spécifiques que « le Gabon considère comme handicapée toute personne qui, frappée d’une déficience physique, sensorielle ou mentale, congénitale ou accidentelle, éprouve des difficultés à s’acquitter des fonctions normales » (p. 53).

 

  1. Organisation scolaire

L’éducation spécialisée s’adresse aux apprenants qui présentent d’importantes déficiences. Il existe divers établissements spécialisés dans le pays émanant d’initiatives publiques et privées dont l’école Horizons nouveaux pour les enfants handicapés à Libreville et les centres AKOMGHA, NDOSSI et le Centre d'accueil pour enfants en difficultés sociales d'Angondje. Plus particulièrement, la Fondation Horizons Nouveaux inaugurée en 1996 est « une institution à caractère associatif qui œuvre pour l’enfance inadaptée. En 1998, elle a été reconnue d’utilité publique et bénéficie à ce titre d’une subvention de l’État à travers une ligne budgétaire qui lui est allouée et l’affectation de personnel fonctionnaire des ministères respectivement des Affaires sociales, de l’Éducation nationale et de la Santé ». Parmi les missions de la Fondation, on retrouve la participation « à toutes activités médico-sociale contribuant au bien-être de l’enfant inadapté au travers de plusieurs projets » qui incluent « la création d’une structure socio-éducative chargée de l’encadrement des enfants déficients et la création d’un centre d’accueil et d’encadrement scolaire des enfants en détresse, abandonnés ou orphelins ». En ce qui concentre le premier projet (projet fondation école), il regroupe deux centres spécialisés qui sont : le Centre neuropsycho-pédagogique (CNPP) pour les enfants déficients intellectuels et le Centre de réadaptation et de rééducation des handicapés visuels (CRRHV).

Les États généraux de l’éducation, de la recherche et de l’adéquation formation-emploi en 2010 ont recommandé de créer des établissements spécialisés pour favoriser la scolarisation des élèves handicapés. Or, ils ont aussi recommandé de s’efforcer à améliorer les dispositifs sanitaires et sociaux en apportant une aide aux élèves en difficulté et de proposer des stratégies d’inclusion par l’alphabétisation et l’éducation non formelle. Deux écoles publiques adaptées pour les enfants en situation de handicap se trouvent à Libreville. L’École nationale des déficients auditifs a été fondée en 1982 par un pasteur américain en collaboration avec l’Église évangélique du Gabon. En 1985, elle est mise sous tutelle du Ministère par l’arrêté 0012/MASSSBE/DGAS du 5 novembre 1985, portant création d’une école pour enfants sourds et muets. En 1989, elle devient l’École nationale pour enfants déficients auditifs (E.N.E.D.A.). Au cours de cette même année, un protocole d’accord est signé entre le ministère des Affaires sociales et le ministère de l’Éducation nationale. Cette école est responsable de l’éducation des enfants déficients auditifs et assure leur développement psychosocial offrant un service social spécialisé (psychologues, psychomotriciens, audioprothésiste et orthophonistes) et un service paramédical. Cette école accueille chaque année près de 157 enfants des deux sexes, âgés de 3 à 21 ans, et encadrés par 73 agents dont certains sont en situation de handicap. Ces enfants sont répartis en 11 sections par niveau.

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

La Constitution du Gabon de 1991, révisée en 2011, ne garantit pas expressément le droit à l'éducation, mais uniquement l’égal accès à l’instruction et à la formation. Le pays n’a pas ratifié la Convention contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement. Il a toutefois ratifié en 2007 la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. Dans cette optique, les articles 16 et 19 de la Constitution du pays réaffirment l'accès garanti de l'enfant et de l'adulte par l’État à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture, et ce, sur la base de la gratuité, selon ses possibilités. De plus, la loi 16/66 de 1966 dispose que l’enseignement est dispensé sans distinction de race, de religion, d’ethnie, de sexe, ni d’origine sociale. La loi précise par ailleurs, au titre de la finalité de l’éducation, que l’enseignement doit assurer la formation physique, intellectuelle, morale, et civique du futur citoyen.

La loi 21/2011 portant orientation générale de l’éducation, de la formation et de la recherche a été adoptée le 14 février 2012. Dans son article 2, elle réitère que « l’éducation et la formation au Gabon sont obligatoires » et leurs accès sont assurés « à tout jeune, gabonais ou étrangers résidant au Gabon, âgé de 3 à 16 ans ». L’article 3 précise que « le droit à l’égal accès à l’éducation, à l’instruction, à la culture et à la formation, est garanti à tous, sans distinction de croyance, de religion, de race, de sexe, d’appartenance politique ou de toute autre distinction sociale ».

Le pays utilise la définition de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées pour identifier les personnes en situation de handicap. Le Plan d’action national de l’éducation pour tous, élaboré par le ministère de l’Éducation nationale du Gabon en novembre 2002 « vise à mettre en œuvre les résolutions et recommandations du forum mondial sur l’éducation tenu en avril 2000 à Dakar (Sénégal) ». Les 17 et 18 mai 2010 ont été convoqués les États généraux de l’éducation, de la recherche et de l’adéquation formation-emploi qui ont repensé l’ensemble du système éducatif gabonais.

À travers la Déclaration d’Incheon et en signant la déclaration de Paris issue de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques, le pays s’est engagé à mettre en œuvre des activités relatives à la feuille de route pour l’atteinte de l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4) et dans la mise en œuvre de l’agenda 2063 de l’Union africaine.

Handicap

La loi 19/95 du 13 février 1996 assure la protection sociale des personnes handicapées et encadre l’activité éducative de ce groupe. Le décret 2002 établissant la commission nationale pour l’intégration des personnes en situation de handicap, la loi de 1996 sur l’organisation du niveau primaire du système d’éducation , la loi de 2007 sur les allocations familiales pour les citoyens gabonais qui ont de moyens de subsistance limités, ainsi que la loi 21/11 portant sur les directives générales pour la formation, la recherche et l’éducation de février 2012 ont toutes prêté attention aux personnes en situation de handicap dans l’éducation.

Genre 

On note un taux de performance comparable des garçons et des filles dans la rétention en cours de cycle primaire. Au niveau du secondaire, l’indice de parité ressort à 1,1 à l’avantage des filles. Notons enfin que le pays a souscrit aux orientations définies par les Nations unies en matière de genre (CEDAW, ratifié en 1983; le programme d’action de Beijing pour la promotion de la femme en 1995; et la Déclaration des Chefs d’État de l’Union africaine sur l’égalité en 2004).

Ethnicité et langues

La population est composée de pygmées et des bantous — qui sont majoritaires (p. 27). Ces derniers regroupent plusieurs ethnies dont neuf groupes ethnolinguistiques principaux : les Fangs , les Mpongwé, les Mbédé, les Punu, les Bandjabi, les Bakota, les Obamba et les Batéké. L’article 2 de la Constitution énonce que l’État adopte le français comme langue officielle de travail et promeut les langues nationales dans le système éducatif. Les États généraux de 2010 ont recommandé l’introduction d’une deuxième langue étrangère dès la classe de sixième. Enfin, l’article 5 de la Loi 21/2011 du 11 février 2012 portant orientation générale de l’éducation, de la formation et de la recherche stipule que « les curricula, les offres de formation, les infrastructures et les équipements d’enseignement et de formation, doivent, à cet effet, permettre, selon les niveaux, l’appropriation des connaissances et des compétences en matière [...] de langues locales ».

Zones rurales

Le plan 2010-2020 pour l’éducation prévoit l’augmentation du nombre d’enseignants et d’écoles et l’amélioration de la qualité des écoles, en particulier dans les zones rurales. Cette politique a permis la construction d’écoles et de haltes-garderies dans les villages en zone rurale, ce qui a aussi favorisé le maintien des filles-mères à l’école.

Pygmée

L’État priorise l’éducation des pygmées et a entrepris diverses actions pour initier un programme didactique adapté qui permettrait de sortir cette communauté de l'analphabétisme. Cette initiative visait à réduire de moitié le taux d'analphabétisme des adultes pygmées. L’objectif de ce programme est d’offrir une formation pédagogique adaptée aux besoins de cette population, de construire plusieurs salles de classe et aires de jeux, et d'offrir des manuels pédagogiques. Le coût financier du programme d'éducation et d'intégration des pygmées est estimé à environ 1,600 million de dollars selon le ministère des Travaux publics.

 

  1. Gouvernance

L’éducation spécialisée est sous la gouverne du ministère de la Santé, de la Protection sociale et de la Solidarité nationale. Plusieurs ministères exercent une certaine influence sur l’éducation inclusive. Il s’agit notamment des ministères :

  • de l'Éducation nationale
  • de la Santé, de la Protection sociale et de la Solidarité nationale
  • de la Culture, des Arts et de l'Éducation populaire (alphabétisation)
  • du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle (formation aux compétences essentielles, utiles à l'insertion sociale)
  • de la Jeunesse, de la Culture civique, des Sports et des Loisirs
  • de la Santé publique et de la Population (assurance d’un meilleur état physique, mental et social des individus).

Précisions que l’inclusion dans l’éducation est aussi favorisée par les agences internationales, dont l’UNICEF et l’Agence de coopération internationale du Japon.

En 2017, le pays s’est engagé à mettre en œuvre un plan de travail commun des ministères responsables de l’éducation. Le Projet d’appui à la production des données statistiques basiques et à l’élaboration du Plan sectoriel de l’éducation de 2018 sera mené par le ministère de l’Éducation nationale en partenariat avec les autres ministères.

 

  1. Milieu d’apprentissage

Infrastructures

En janvier 2010, le pays a publié le décret sur l'accès des personnes handicapées aux bâtiments publics. De plus, les États généraux de l’éducation de 2010 ont prévu une série de mesures en matière de construction de collèges et de lycées, ainsi qu’en équipement de ces milieux. L’État avait également prévu la réduction du nombre moyen d’élèves par classe à 35.

L’article 113 de l’avant-projet de loi portant orientation générale de l’éducation, de la formation et de la recherche soutient que les établissements d’enseignement doivent offrir un cadre architectural exempt de toute atteinte à l’intégrité des usagers, notamment à ceux ayant des handicaps, peu importe lequel.

Curriculum et matériel didactique

Les États généraux de l’éducation de 2010 ont prévu de mener une politique active de renouvellement des curricula pour les rendre plus flexibles.

Enfin, précisions que plusieurs ONG et fondations s’investissent pour l’amélioration des conditions de prise en charge des élèves, particulièrement ceux ayant un handicap. Par exemple, la Fondation Sylvia Bongo Ondimba assure l’octroi d’un bus de transport aux élèves ayant une déficience auditive ainsi que la réhabilitation des cabines orthophoniques programmées.

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

La formation de base est assurée par l’École normale supérieure (ENS) pour les enseignants des collèges et lycées (Certificat d’aptitude de professeur de collège et Certificat d’aptitude de professeur d’enseignement secondaire) et par l’École nationale des instituteurs (ENI) pour des bacheliers ou des étudiants issus de l’université.

La formation continue est assurée par l’Institut pédagogique national (IPN) et par l’Institut général des services (IGS) en tant que formateurs et en tant qu’organisateurs. L’un des effets attendus des actions en formation initiale des enseignants est d’ « adapter ses interventions aux besoins et aux caractéristiques des élèves présentant des difficultés d’apprentissage ou d’adaptation ou encore un handicap ».

En novembre 2016, le Département de l’éducation nationale a mis sur pied une formation qui devait permettre « aux 60 enseignants des 12 centres d'alphabétisation de Libreville, d'acquérir les outils indispensables à leur mission ». Avec le support de l’UNESCO, de nouveaux référentiels, de deux types, ont été élaborés. Le premier type de référentiel visait l'alphabétisation traditionnelle et fonctionnelle ; l’autre concernait l’enseignement auprès des personnes ne sachant ni lire ni écrire.

 

  1. Suivi des données

Le pays ne possède pas de rapport de suivi sur l’éducation, ni de plan sectoriel. La dernière collecte de données statistiques date de l’année scolaire 2012-2013 et les résultats de celle-ci n’ont jamais été publiés. Le 9 août 2018, un programme coordonné a été signé par les Nations unies et le ministre de l’Éducation nationale. Ce projet d’« Appui à la production des données statistiques basiques et à l’élaboration du Plan sectoriel de l’éducation », résulte des efforts de l’UNICEF, de l’UNESCO et de la FNUAP, « en réponse au déficit récurant de données statistiques affectant le sous-secteur de l’éducation ainsi qu’à l’absence d’un plan inclusif du secteur ». Ce projet avait plusieurs objectifs, parmi lesquels on note la réalisation des annuaires statistiques de tous les sous-secteurs de l’éducation, le diagnostic de chaque sous-secteur, ainsi que l’élaboration d’un plan sectoriel de l’éducation. En novembre 2019, après les phases de collecte et de saisies des données basiques, le ministère de l’Éducation nationale a présenté à ses partenaires le plan du prochain annuaire statistique de l’éducation du Gabon.

Dernière modification:

lun 15/06/2020 - 11:29

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