INCLUSION
3. Lois, plans, politiques et programmes
6. Enseignants et personnel de soutien
Le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 soutient que l’inclusion est souvent associée aux élèves qui ont des limitations fonctionnelles ou qui sont perçus comme ayant des « besoins éducatifs spéciaux ». Parmi ces derniers figurent les enfants des zones rurales, les enfants défavorisés et ceux vivant avec un handicap.
Dans le manuel de formation en éducation inclusive validé par le ministère des Enseignements primaire, secondaire et de la Formation professionnelle (MEPSFP), Humanité et inclusion (HI) Togo définit l’éducation inclusive comme un « système éducatif qui tient compte des besoins particuliers en matière d'enseignement et d'apprentissage de tous les enfants et jeunes gens en situation de marginalisation et de vulnérabilité : enfants des rues, filles, groupes d'enfants appartenant à des minorités ethniques, enfants issus de familles démunies financièrement, enfants nomades, enfants handicapés, etc. L’éducation inclusive se rapporte à l’ensemble des mesures qu’une école doit prendre pour être accessible à tous ces enfants ».
L’éducation spécialisée est surtout présente au pays. Le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 encourage surtout « l’éducation inclusive » à travers des subventions aux écoles spécialisées et la formation des enseignants par rapport aux handicaps. L’éducation spécialisée peut relever des confessions religieuses ou des associations. Les enfants handicapés sont scolarisés dans un environnement d'apprentissage séparé qui s’occupe généralement d’un type particulier de déficience : enfants déficients visuels ou enfants déficients auditifs. L’Institut des aveugles de Togoville, l’Institut des non-voyants d’Attéda, le Centre Saint-Paul à Karaet et le Centre d’enseignement spécialisé des aveugles de Lomé en sont des exemples.
Cela étant, le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 encadre la réhabilitation des salles de classe ordinaires et spécialisées existantes et envisage un modèle d’éducation inclusive fonctionnel au plus tard en 2016, basé sur le modèle expérimenté dans les régions des Savanes et de la Kara (surtout axé sur l’inclusion des personnes en situation de handicap). À ce propos, le modèle est actuellement en cours d’expérimentation dans les régions des Savanes, Kara, centrale et des plateaux. Le nouveau programme prévoit, d’une part, des actions pour l’accessibilité des enfants à besoins spécifiques aux écoles (sensibilisation, construction de rampes d’accès aux bâtiments...) et d’autre part des actions concernant les pratiques pédagogiques spécifiques (formation des enseignants en pédagogie inclusive, Braille et langue des signes…). Par ailleurs, il est prévu de mettre en place un système d’enseignants itinérants venant en appui aux enfants handicapés dans les écoles. Le projet pilote qui est en cours sera également testé en milieu rural. L’approche sera ensuite évaluée et un modèle sera adopté par le MEPSFP avant 2016 pour une plus grande inclusion de cette catégorie d’enfants dans le système éducatif togolais.
Nous observons une forte collaboration entre les écoles spécialisées et ordinaires, au moyen de journées portes ouvertes et de stages pratiques.
L’UNICEF finance l’adoption du modèle d’éducation inclusive du PSE.
Handicap
L’article 8 de la loi 2004-2005 relative à la protection sociale des personnes handicapées précise que ces dernières ont droit à l’éducation soit dans les écoles ordinaires, soit dans les institutions spécialisées et que des allocations d’études et de logement peuvent leur être accordées. L’article 10 porte sur les programmes de scolarisation et sur les formes d’examens adaptés. L’article 258 du Code de l’enfant 2007 affirme que « l’enfant handicapé a le droit d’invoquer le bénéfice des programmes spéciaux de scolarisation, d’éducation, de formation professionnelle [et que] des bourses d’études [sont prévues] pour les élèves handicapés et des subventions de l’État pour les centres de formation et d’apprentissage accueillant de jeunes handicapés ».
Le PSE 2010-2020 prévoyait notamment l’élaboration et la mise en œuvre de politiques d’identification et de prise en charge des enfants vulnérables et en situation de handicap et la construction de 1 070 nouvelles salles de classe équipées et accessibles aux personnes en situation de handicap (avec bureau, magasin et latrines) par an dans l’enseignement primaire public. À ce stade-ci, il est difficile d’évaluer l’évolution de ces orientations. Le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 encadre grandement l’éducation inclusive par son soutien aux ONG, dont le projet de l’Association des parents et amis des personnes encéphalopathes (APAPE) qui vise à favoriser l’inclusion et le respect des droits des enfants handicapés. HI a aussi instauré un projet pour l’apprentissage des enfants sourds et malentendants de Lomé et Savanes et pour l’éducation intégrée dans les écoles ordinaires des enfants atteints de trisomie 21.
Cela étant, HI a aussi mis en œuvre un réseau de 14 enseignants itinérants qui accompagnent aujourd’hui 225 enfants handicapés intégrés dans les écoles ordinaires dans la région des Savanes. Ces enseignants qui n’interviennent que ponctuellement dans la classe transcrivent notamment les épreuves en Braille, sensibilisent les directeurs d’école pour l’adaptation des examens, traduisent les consignes en langue des signes, etc. On note une augmentation du nombre d’enfants suivis à Dapaong. Cette pratique a permis aux enfants non handicapés d’apprendre eux aussi la langue des signes pour pouvoir interagir avec leurs pairs qui ont une déficience auditive.
En 2012-2013, HI avait aussi élaboré le projet « Éducation inclusive au Togo » qui a permis à 815 enfants en situation de handicap d’être scolarisés à l’école primaire et à 200 enfants de bénéficier d’une consultation médicale. Auparavant, depuis 2009, HI a élaboré divers projets pour la promotion du droit à l’éducation pour les enfants en situation de handicap. Le projet « Agir pour la pleine participation des enfants handicapés par l’éducation » (2012-2014) visait à lever les obstacles au droit à la scolarisation des enfants handicapés par l’inclusion scolaire.
D’autres initiatives qui favorisent l’inclusion scolaire ont été mises de l’avant au fil des ans, notamment par l’Union européenne, l’UNICEF, l’Agence française de développement et Educate a Child. La Coalition nationale pour l’éducation pour tous encadre actuellement l’exécution d’un projet pilote de trois ans sur l’inclusion des enfants handicaps dans 32 écoles dans la préfecture de Habo.
Enfin, depuis 2013, le Projet d’intégration des non-voyants du Gruppo San Francesco d’Assisi prend en charge un groupe d’étudiants non-voyants dans les universités de Lomé et de Kara, dans le Centre SEFRAH de Dapaong, l’Institut CASPAK de Kara, l’Institut IFRAM de Sokodé et le centre CESA de Lomé.
Genre
Le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 incite les filles à suivre des formations industrielles en prenant en charge une partie des frais. Il prévoit la mise en place d’un système pilote pour l’amélioration de l’accès et de la rétention des filles entre le primaire et le secondaire. Aussi, le Plan prévoit un système d’appui destiné aux filles des zones défavorisées (bourses, kits scolaires – ordinateur portable et imprimante et formation, uniformes…) et soutient qu’un fonds alimenté par l’état et les partenaires pourrait être constitué en ce sens.
Le pays a adopté la loi 84-14 relative à la protection des filles et des garçons régulièrement inscrits dans un établissement d'enseignement ou dans un centre de formation professionnelle en 1984.
Sur le plan des initiatives par les ONG, Plan international a implanté un projet pour favoriser la scolarisation des filles grâce à la réforme des collèges (2014-2017) dans la région des Plateaux. Ce projet vise entre autres la construction de 15 collèges publics pour 400 élèves (avec 200 latrines séparées) et la formation des enseignants et des chefs d’établissements sur l’égalité de genre, l’éducation inclusive et les méthodes éducatives non violentes
Ethnicité et langues
Le PSE 2014-2025 encadre la réalisation d’une étude sur l’enseignement en langue nationale. Il souhaite aussi « développer les langues maternelles par la recherche, la codification et la création d’un cadre de concertation pour la formalisation de la politique des langues nationales afin de pouvoir les utiliser dans les programmes d’alphabétisation ». Ainsi, trois langues maternelles seront codifiées et trois manuels par langue seront élaborés. Le Plan prévoit aussi de mieux équiper les laboratoires de langues dans les écoles.
Zones rurales
Le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 souhaite étendre la couverture du préscolaire au bénéfice des populations rurales et des milieux les plus défavorisés. Il souhaite aussi développer l’offre communautaire en zones rurales pour les 4-5 ans. Il poursuit l’objectif d’équiper les cantines scolaires et 125 centres communautaires de la petite enfance en zone rurale.
Depuis 2009, le projet d’Action 10 permet de fournir un revenu durable et les ressources matérielles pour le fonctionnement des écoles des villages. Le Projet d’assainissement en milieu scolaire de l’Agence française de développement (AFD) (2012-2017) a installé 170 forages, 166 pompes et 100 latrines séparées et 70 000 personnes (environ 10 % de la population) ont bénéficié d’une amélioration de leur accès à l’eau potable et des conditions sanitaires.
Pauvreté
L’article 35 de la Constitution « assure progressivement la gratuité de l’enseignement public ». En fait, depuis 2008, le gouvernement a adopté la gratuité pour l’école publique au préscolaire et au primaire.
Afin d’être en cohérence avec la Stratégie de réduction de la pauvreté, le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 prévoit l’exonération des frais de scolarité pour les élèves démunis (5 % des effectifs). Il cherche à stabiliser la présence des enseignants dans ces zones en favorisant l’avancement dans la carrière (grade, échelon…).
Sur le plan national, différents ministères sont interpellés dans le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 quant aux mesures d’éducation inclusive : Enseignements primaire, secondaire et Alphabétisation, Finances, Planification et Administration régionale et locale, tout comme la Direction des personnes handicapées du ministère de l’Action sociale. De plus, le gouvernement a mis en place un « groupe thématique sur l’éducation inclusive » avec à sa tête un point focal chargé de la coordination des pratiques en place.
Différentes ONG sont aussi impliquées. Ils jouent un rôle crucial de soutien à l’État. One note la présence de HI, de la Fédération togolaise des associations de personnes handicapées (FETAPH), de Plan Togo, CBM, Aide et action international, de l’Association togolaise d’aide aux enfants malentendants et sourds (ATAIDEMES), de l’Association togolaise des aveugles (ATA), l’Association togolaise pour les droits solaires des personnes handicapées (ATDSPH), de l’Association des sourds du Togo (AST), et de la Coalition nationale Éducation pour tous.
Cela étant, comme les initiatives sont plutôt isolées et qu’il n’y existe pas de politique claire d’éducation inclusive au sens strict du terme, il n’y a pas d’instance responsable de la planification, de l’évaluation et du suivi de l’éducation inclusive, ce qui permettrait une meilleure coordination dans les pratiques en place.
Infrastructure
Le PSE 2010-2020 prévoyait la construction de 1 070 nouvelles salles de classe équipées et accessibles aux personnes en situation de handicap par an dans l’enseignement primaire public, 500 nouvelles salles de classe par an dans le premier cycle secondaire et 100 nouvelles salles de classe par an dans le second cycle secondaire. De plus, le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 prévoyait construire 418 salles équipées avec latrines en 2014, 373 en 2015 et 276 en 2016.
La Stratégie nationale du ministère de l’Éducation en matière de constructions scolaires du primaire (2009) affirme que « tous les modèles de construction seront soumis [...] à l’agrément d’une organisation spécialisée dans l’appui aux personnes en situation de handicap pour assurer leur accès et une utilisation facile par les élèves vivant avec un handicap ». Un comité technique de la maîtrise d’ouvrage devra prendre en compte l’aspect genre dans
Matériel pédagogique
Le PSE 2010-2020 encadre l’adaptation des curricula à la situation des personnes handicapées et le développement de supports d’alphabétisation en langues nationales. Le Projet d’intégration des non-voyants du Togo permettra de produire un recueil de cartes du Togo en Braille et un atlas destiné aux élèves non-voyants des écoles du Togo. Ce projet a aussi permis d’offrir des boites en bois et des clous en plastique aux écoles de Kara, Dapaong et Sokodé pour pratiquer l’écriture en Braille avant de passer au système de tablette et poinçon.
L’article 11 de la loi 2004-2005 stipule que les personnes responsables de l’éducation des personnes handicapées doivent recevoir une formation appropriée. Ainsi, le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 encadre la formation continue de 1 415 maîtres en éducation inclusive et prévoit l’intégration d’une approche genre dans leur formation continue. La Direction des enseignements préscolaire et primaire et HI assureront aussi la formation de 280 enseignants à l'éducation inclusive (3 jours), de 50 enseignants au braille (5 jours), de 50 enseignants à la langue des signes (5 jours) et de 25 enseignants à la déficience mentale (3 jours). D’autres initiatives sont aussi en cours dans les universités publiques de Lomé et de Kara où les enseignants et les directions seront formés à la notion de l’éducation inclusive et aux outils pour faciliter l’accès et le succès des étudiants en situation de handicap. Enfin, HI Togo et Teacher Education in SubSaharan Africa ont publié respectivement le Manuel de formation en éducation inclusive et la Boîte à outils pour la formation des enseignants en éducation inclusive au Togo. Ces guides visent tous deux à sensibiliser les encadreurs pédagogiques, les parents et les organisations aux pratiques d’éducation inclusive.
Notons enfin qu’une compétence sur l’éducation inclusive est mentionnée dans le curriculum de formation dans les Écoles normales de formation des instituteurs (ENI), soit de « gérer toutes les catégories d’élèves (en difficulté, handicapés légers, doués, attardés, etc.) ».
Le pays n’a pas de rapport de suivi sur l’éducation. Le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) 2014-2025 relève toutefois un ensemble d’indicateurs sur l’éducation inclusive, dont le nombre d’/de :
- enfants vivants avec un handicap insérés dans les écoles
- infrastructures adaptées aux conditions des handicapés moteurs
- curricula adaptés à la situation des personnes handicapées,
- sourds et malentendants admis en apprentissage
- villages bénéficiaires de matériels
- villageois formés à l'utilisation du matériel
- filles bénéficiaires de kits scolaires
- bourses et d’uniformes
- élèves en zones déshérités bénéficiaires d'uniformes scolaires
- cantines créées dans les écoles éloignées et en zones déshéritées
- centres communautaires équipés en cantines
- alphabétiseurs formés
- langues maternelles codifiées/instrumentalisées
- manuels élaborés par langue, etc.
Précisions enfin qu’une étude sur le parcours scolaire des enfants handicapés inscrits dans les écoles ordinaires est réalisée en 2018 par le gouvernement sur la supervision du « groupe thématique sur l’éducation inclusive » avec le financement de l’UNICEF.