INCLUSION

1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieu d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Éducation inclusive

L’éducation inclusive est « une approche éducative qui tient compte des besoins particuliers en matière d'enseignement et d'apprentissage de tous les enfants et jeunes gens en situation de marginalisation et de vulnérabilité : enfants vivant dans les rues, filles, groupes d'enfants issus de minorités ethniques, de familles démunies financièrement, de familles nomades, des familles déplacées (victimes de guerres, de catastrophes, etc.), enfants atteints du VIH/sida, enfants handicapés ». Cette approche éducative basée sur la valorisation de la diversité a pour but d'assurer à ces enfants l'égalité des droits et des chances en matière d’éducation et de combattre la marginalisation. En se basant les principes directeurs pour l’inclusion de l’UNESCO (2005), le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN) soutient que l’éducation inclusive « suppose la transformation et la modification des contenus, des approches, des structures et des stratégies, avec une vision commune qui englobe tous les enfants de la tranche d’âge concernée, et la conviction qu’il est de la responsabilité du système éducatif général d’éduquer tous les enfants ».

La Loi 3/96/ADP 9 mai 1996 affirme que l’éducation spécialisée est « l’ensemble des activités d’éducation et de formation destinées à des personnes atteintes d’un handicap physique, sensoriel ou mental ou ayant des difficultés d’adaptation personnelle et d’intégration sociale, afin de faciliter leur adaptation et leur insertion sociales ».

 

  1. Organisation scolaire

Il y a plusieurs types d’écoles qui promeuvent l’inclusion à divers degrés. Le but est d’aboutir, à terme, à une inclusion totale.

Les centres spécialisés sont sous le contrôle du ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire (MFSNFAH). Les enfants et personnes ayant un handicap physique, sensoriel ou mental ou ayant des difficultés d’adaptation personnelle et d’intégration sociale y sont accueillis en vue de leur rééducation de leur réinsertion dans le système scolaire et dans la société.

Les écoles spécialisées accueillent les enfants ayant un handicap physique, visuel, auditif ou intellectuel dans un environnement d’apprentissage séparé avec des méthodes pédagogiques et des outils d’apprentissages adaptés. Le personnel est formé à chaque type de handicap. L’École des jeunes aveugles (EJA) de Gounghin à Ouagadougou et l’École spécialisée des enfants sourds à Garango en sont des exemples.

Les écoles intégratrices qui sont de deux types. Dans un premier cas, les apprenants handicapés sont scolarisés dans des écoles ordinaires sans accompagnement spécifique. L’accompagnement est organisé par une équipe extérieure à l’école. Dans le second cas, les apprenants handicapés sont inscrits au sein de l'école ordinaire et reçoivent des cours dispensés par un enseignant spécialisé dans une classe séparée. Ce dernier cas se passe dans les Classes transitoires d’inclusion scolaire (CTIS) qui durent de deux à trois ans. Le Centre de formation intégrée des sourds et des entendants (CEFISE) et d’autres écoles publiques (Tanghin Dassouri Application A, Boulsin, Tanghin et Ouansoa dans la province du Kadiogo puis Boura, Lergho, Tangaré, Zigla-koulpélé, Ouarégou et Zompalé au Boulgou) en sont des exemples.

Enfin, les écoles dites inclusives sont celles où tous les apprenants, qu’ils soient ou non en situation de handicap, en difficulté d’apprentissage, d’adaptation scolaire et/ou sociale apprennent ensemble dès la première année d’enseignementCes écoles sont préalablement aménagées pour accueillir les enfants (infrastructures, matériel, la didactique et l’environnement scolaire, la formation des enseignants en éducation inclusive).

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

Selon la loi 012-2010/AN portant protection et promotion des droits des personnes handicapées, « l’éducation inclusive est garantie dans les établissements préscolaires, primaires, post-primaires, secondaires et universitaires » (Article 9), et « tout établissement de formation initiale et continue des enseignants/alphabétiseurs au Burkina Faso est tenu de prendre en compte l’éducation inclusive dans ses programmes de formation » (Article 12). Cette loi est assortie du Décret 2012-828 portant adoption de mesures sociales en matière de santé et d’éducation.

La loi 013-2007/AN portant loi d’orientation de l’éducation en son article 3 soutient que « toute personne vivant au Burkina Faso a droit à l’éducation, sans discrimination aucune, notamment fondée sur le sexe, l’origine sociale, la race, la religion, les opinions politiques, la nationalité ou l’état de santé. Ce droit s’exerce sur la base de l’équité et de l’égalité des chances entre tous les citoyens ».

Au niveau du développement de l'éducation inclusive, le Programme sectoriel de l’éducation et de la formation (PSEF) (2017- 2030) au Burkina Faso vise à « mettre en place progressivement à travers un mécanisme de prise en charge socio-éducative des élèves, étudiants et apprenants à besoins spécifiques dans les milieux scolaires, universitaires et de formation». La mise en œuvre de cette approche consiste au développement d’un dispositif d’inclusion comprenant plusieurs étapes dont : l’identification des enfants à besoins éducatifs spécifiques, le diagnostic médico-social ou consultation, l’orientation, l’inscription scolaire, la formation, le suivi et la sensibilisation. Il s’agit aussi « d’adapter les infrastructures éducatives et de formation existantes, de s’assurer que les nouvelles constructions intègrent des normes d’accessibilité et d’acquérir pour les écoles et les élèves des matériels pédagogiques spécifiques. L’appui sanitaire, l’appareillage et le matériel d’aide à la mobilité permettra également d’améliorer l’accueil des enfants vivant avec un handicap à milieu ordinaire. ». La Stratégie nationale de développement de l’éducation inclusive (SNDEI) a été adoptée le 24 juillet 2018 et couvre la période de 2018 à 2022.

Handicap et besoins éducatifs particuliers

La Constitution reconnaît le droit à l’éducation, à l'instruction et à la formation aux personnes handicapées. La loi 012 2012 AN vise à assurer la promotion et la protection des personnes handicapées et la loi 013-2007/AN portant loi d’orientation de l’éducation proclame le droit à l’éducation des personnes handicapées et énonce à ce sujet que « l’État et les collectivités territoriales, le secteur privé et autres partenaires de l’éducation développent l’éducation spécialisée au profit des personnes atteintes d’un handicap physique ou mental ou ayant des difficultés d’adaptation personne et d’intégration sociale ».

La loi 012-2010/AN précitée prévoit aussi la création d’une carte d’invalidité au profit des personnes handicapées qui permet à son détenteur de bénéficier de certains avantages en matière d’éducation et de transport. De son côté, la loi 3/96/ADP encadre l’État sur les mesures à prendre pour encourager et faciliter la pratique du sport par les personnes handicapées. La Zatu 86/005/CNR/PRES relève les avantages sociaux dans le domaine de l’éducation qui sont accordés aux personnes handicapées (bourses d’études, priorité d’inscription, recul de la limite d’âge, etc.). Le Kiti 86-149 énonce enfin les dispositions à prendre en faveur des personnes handicapées dans la construction des bâtiments publics.

L’État des lieux de l’éducation inclusive de 2013 présente un aperçu de quelques interventions en éducation inclusive, comme les projets d’éducation inclusive pour les enfants en situation de handicap dans la province de Kadiogo, dans la commune de Garango et dans le diocèse de Manga, de même que des projets de formation des enseignants spécialisés pour enfants en situation de handicap auditif, visuel ou mental. Un projet porte sur l’intégration de 40 élèves aveugles dans les écoles publiques à Bobo Dioulasso.

Genre

Le gouvernement a instauré en 2007 la Direction technique de l’éducation des filles et de la promotion du genre. Le Programme de développement stratégique de l’éducation de base (PDSEB) (2012-2021) vise à augmenter l’offre d’enseignement et de formation technique et professionnelle post-primaire avec une équité du genre. Pour y parvenir, il prévoit construire des internats et des maisons communautaires pour jeunes filles qui vivent loin des centres de formation dans chacune des provinces. En outre, le Programme prévoit des mesures incitatives pour les filles pour les extraire des mariages précoces. Il s’assurera que toutes les filles des zones rurales aient accès à la cantine scolaire (ou à des rations sèches à emporter dans les zones défavorisées). Enfin, la Stratégie nationale d’accélération de l’éducation des filles (SNAEF) 2012-2022 a aussi été adoptée.

Depuis 2015, des programmes de promotion de l’éducation des filles au post-primaire et au secondaire intègrent systématiquement la promotion de l’égalité entre les sexes. Le Projet d’amélioration de l’accès et de la qualité de l’éducation (PAAQE) a débuté en 2016 avec l’appui de la Banque mondiale et il met un accent particulier sur les filles. En effet, ce projet prévoit accorder des subventions pour la scolarisation de 1000 enfants issus de milieux défavorisés avec 55 % de ces subventions réservées aux filles. Un autre projet de promotion de l’éducation des filles a été élaboré et mis en œuvre depuis 2017 avec l’appui de la Banque mondiale et vise à accroître l’accès, le maintien et la réussite des filles dans les enseignements post-primaire et secondaire. Ce projet vise à terme l’autonomisation des filles. C’est ainsi que le troisième objectif général de ce projet vise à améliorer les connaissances sur la santé sexuelle et reproductive (SSR) en milieu scolaire.

Le projet BRIGHT a permis la construction de 132 complexes scolaires accueillant les filles dans dix provinces. Le ministère de l'éducation nationale, de l'alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN) a encadré la construction systématique de latrines dans toute nouvelle école et a exempté les parents d’élèves filles des cotisations annuelles dans les vingt provinces les moins scolarisées. Le programme « La Réponse burkinabé pour améliorer les chances des filles de réussir » a permis la formation d’enseignants sur l’éducation des filles et a encadré la construction d’écoles équipées de puits artésiens et de toilettes.

Groupes ethniques et linguistiques

La loi 013-2007 soutient que « les langues d’enseignement utilisées au Burkina Faso sont le français et les langues nationales aussi bien dans la pratique pédagogique et dans les évaluations. » Le PDSEB 2012-2021 vise par ailleurs à décrire scientifiquement un maximum de langues nationales et à assurer la disponibilité de matériel didactique approprié dans ces langues. Le sous-programme 3 du PDSEB porte sur la promotion du bilinguisme et du multilinguisme au sein de l’éducation de base. L’élaboration d’une politique de promotion des langues nationales a été entamée en mars 2019 sous le leadership du MENAPLN qui a mis en place un secrétariat permanent pour sa mise en œuvre.

Zones rurales

Le PDSEB 2012-2021 souligne que la distance à parcourir pour se rendre à l’école primaire devra être inférieure à trois kilomètres, et inférieure à dix kilomètres pour les établissements du post-primaire. Le Programme énonce également que le calendrier scolaire sera adapté aux localités en fonction des spécificités régionales.

Pauvreté

Le Décret 2008-236/PRES/PM/MEBA/MESSRS/MASSN/MATD prône les principes de gratuité de l’éducation de base publique et de non-discrimination. Le PDSEB 2012-2021 aspire aussi à étendre davantage le réseau des cantines scolaires à l’ensemble des écoles situées en zones rurales et périurbaines. Le MENAPLN a mené des actions concrètes en ce sens, dont la distribution gratuite de manuels et de fournitures scolaires à l’ensemble des élèves de l’enseignement de base et l’extension des cantines scolaires.

 

  1. Gouvernance

Différentes instances gouvernementales sont responsables de l’éducation inclusive, dont :

  • le ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN), chargé de promouvoir et d’instaurer l’éducation inclusive
  • le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (MESRSI)
  • le Ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire, chargé de l’encadrement des personnes handicapées mentales ou physiques
  • le ministère de l’Administration territorial e et de la Décentralisation
  • le ministère de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi
     

Toutefois, l’éducation inclusive est surtout dominée par des associations (UN-ABPAM et l’APEE), des ONG (FITIMA, Light for the World, HI) et l’UNICEF. Le Réseau pour la promotion de l’éducation intégratrice/inclusive (REPEI) joue également le rôle de relais entre l’État et les organisations précitées. Une convention de partenariat existe enfin entre le REPEI et le MENAPLN.

 

  1. Milieu d’apprentissage

Infrastructures

Le PDSEB 2012-2021 a pour objectif de doter l’ensemble des structures d’éducation non formelle de dispositifs tels que des rampes d’accès dans les centres qui n’en disposent pas, des tableaux à chevalet, l’appareillage des sourds pour les apprenants, etc. Le PSEF 2017-2030 prévoit la construction de latrines spécifiques et de rampes d’accès. Pour le PSEF 2017-2030, « l’éducation inclusive se mettra en place progressivement à travers un mécanisme de prise en charge socio-éducative des élèves, étudiants et apprenants à besoins spécifiques dans les milieux scolaires, universitaires et de formation ».

Curriculum

Le PDSEB 2012-2021 compte rénover les curricula en français et dans les langues nationales afin de mieux prendre en considération les spécificités locales et les thèmes émergents. En 2019, une Loi de promotion des langues nationales a été adoptée par l’Assemblée nationale du Burkina Faso. Un secrétariat technique est chargé de coordonner le processus d’élaboration de la politique des langues nationales.

Matériel didactique et TIC

Le PSEF 2017-2030 prévoit l’acquisition de matériel pédagogique spécifique au profit des élèves en situation de handicap. Depuis 2015, les associations ABPAM et ASMAE aménagent des classes de maternelle inclusives d’enfants voyants et d’autres ayant des handicaps visuels. Ces classes sont équipées de matériel spécifique : formes découpées, lettres en gros caractères, loupes, livres audio, documents en braille. Enfin, l’intégration des TIC permet au Centre d’éducation et de formation intégré des sourds et entendants (CEFISE/Benaja) de scolariser ses apprenants et de former les éducateurs. Ces derniers utilisent le logiciel Dico Sign_1.0, pour aider les locuteurs de la langue des signes à améliorer leur communication.

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

Formation des enseignants

La formation des enseignants sur l’éducation inclusive (pédagogie différenciée et rythmes d’apprentissage) est assurée par les écoles de formation des maîtres et par les organisations elles-mêmes. Il n’existe pas de diplôme national spécifique à l’éducation inclusive. En 2013, on notait l’absence de programme validé de formation des enseignants sur le sujet et le fait que « chaque acteur forme ses enseignants selon un contenu et un volume horaire différents pour le même type de handicap ». Cependant en 2019, avec le processus de réforme des écoles de formation initiale de enseignants, il est prévu d'instaurer des programmes de formation en genre.

Le PDSEB 2012-2021 se donne aussi les moyens afin de créer au sein des École nationales des enseignants du primaire un département en charge de la formation du personnel pour la prise en charge de l’éducation inclusive. À ce propos, les programmes de formation des enseignants seront révisés afin de mieux intervenir pour corriger les disparités au niveau régional et selon le milieu de vie (rural/urbain) et assurer la promotion du genre. Il est aussi convenu de former les enseignants sur la prise en charge psycho-sociale et les handicaps et sur les comportements à prendre en cas d’urgence. La durée de la formation des enseignants sur les handicaps auditifs (Association Benebnooma, Instutut des jeunes sourds du Faso, Centre de rééducation et d’orientation professionnelle des sourds et entendants et CEFISE) et visuels (École la Renaissance et UN-ABPAM) varie selon les organisations, allant de 15 jours à trois ans. Le CEFISE et l’UN-ABPAM offrent aussi des stages pratiques.

Le MENAPLN et l’ONG Humanity and Inclusion (HI) ont enfin édité un manuel de formation pour la formation des enseignants. Ce manuel pratique traite notamment de la définition de l’éducation inclusive et de ses fondements, des barrières à l’éducation ainsi que des partenariats en éducation inclusive. Il cible aussi des pratiques éducatives et pédagogiques efficaces et aborde la question de la gestion et de la différenciation de l’enseignement. Il a été relu en 2019 pour prendre en compte des aspects liés aux enfants marginalisés et aux pratiques exemplaires des classes inclusives.

Formation du personnel de soutien

Les ONG Humanity and Inclusion (HI) et OCADES forment les professionnels de la santé et de la réadaptation fonctionnelle qui interviennent de manière globale dans les écoles (personnels de santé, techniciens orthoprothésistes et assistants en réadaptation ou en orthopédie) pour mettre en place des mesures préventives ou réactives, curatives ou rééducatives.

 

  1. Suivi des données

Un rapport d’état du système éducatif a été publié en 2015.

Le pays a procédé au recensement général des enfants handicapés en 2013. Or, aucune statistique officielle sur ces enfants n’existe en dehors du système éducatif. Il n’existe pas non plus de répertoire des écoles travaillant sur le handicap. Pour ce faire, le PDSEB 2012-2021 vise à dresser une cartographie du nombre d’enfants à besoins spécifiques en âge scolaire pour permettre d’assurer une planification optimale de leurs besoins.

Le PDSEB 2012-2021 et le PSEF-2017-2030 ciblent des indicateurs pour évaluer l’état de l’éducation inclusive, dont le taux d’accès des filles en zones rurales et en zones urbaines, le pourcentage d’élèves handicapés pris en compte et le nombre de mesures de discrimination positive adoptées, d’enseignants formés sur l’éducation inclusive, de parents sensibilisés, de campagnes spécifiques, de services d’orientation pour les personnes handicapées, de kits pour les élèves en situation de handicap, de rampes d’accès construites, de latrines installées, de dépliants diffusés, etc.

Dernière modification:

lun 09/03/2020 - 17:44

Thèmes