INCLUSION

1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieu d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Dans son Plan sectoriel de l’éducation 2010-2019, le Djibouti définit l’éducation inclusive dans un champ plus large que celui traditionnel du handicap au sens de déficience motrice, sensorielle ou mentale. Le premier axe de l’éducation inclusive concerne la prévention et la prise en charge des enfants en difficulté d’apprentissage et le second concerne la scolarisation des enfants porteurs de handicaps moteurs ou sensoriels. Dans ce Plan, l’inclusion est perçue comme un levier de lutte contre la pauvreté et vise à réduire les disparités (liées au genre et aux contraintes géographiques et économiques). Deux principes sous-tendent cette orientation : l’équité et l’égalité des chances. Dans ce même Plan, le Djibouti utilise aussi l’expression « l’éducation pour l’inclusion » pour démontrer que l’accès à l’école n’est pas un problème relevant uniquement des politiques éducatives, mais un défi qui interpelle la société tout entière.

L’éducation inclusive ambitionne de favoriser l’inclusion scolaire des enfants à besoins éducatifs spéciaux (EABES). Cette expression utilisée dans le Plan d’action 2011-2016 du ministère de l’Éducation et de la formation professionnelle (PAEFPT) réfère à tous les enfants et adolescents présentant des problèmes psychoaffectifs ou handicapés ainsi que les enfants et adolescents appartenant aux groupes vulnérables et n’ayant pas accès à un service éducatif.

 

  1. Organisation scolaire

Le Plan sectoriel de l’éducation 2010-2019 adopte une approche centrée surtout sur l’inclusion et moins sur l’éducation spécialisée. Les apprenants ayant un handicap léger ou moyen sont théoriquement acceptés dans les mêmes classes que les autres apprenants. Dans la pratique, le pays a toutefois recours à certains établissements spécialisés pour les enfants non-voyants et sourds-muets. Aussi, l’enseignement aux apprenants handicapés ou en difficulté grave ne semble pas exister à Djibouti. À Ali Sabieh, deux établissements privés offrent un cursus adapté à 50 enfants trisomiques et sourds.

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

La Constitution ne mentionne pas explicitement le droit à l’éducation ; elle réfère uniquement à certains droits humains, tels que l’égalité devant la loi et la liberté de pensée et de conscience.

Handicap

On note une absence de textes législatifs pertinents pour protéger les droits de personnes handicapées en éducation. Le décret du 12 mai 2011 porte cependant sur la création d’un service de la scolarisation des enfants à besoins spéciaux et la Loi d’orientation du système éducatif (2000) proclame en son article 4 le droit à l’éducation pour tous les citoyens. Toutefois, les parents ayant à leur charge des enfants handicapés ne pouvant poursuivre un cursus normal sont exemptés de l’obligation scolaire (Article 4). De plus, ce décret ne mentionne pas explicitement la mise en place d’un cursus scolaire adapté aux personnes handicapées ni leur scolarisation dans les structures ordinaires. 

Le Plan sectoriel de l’éducation 2010-2019 envisage toutefois l’accueil d’enfants à besoins particuliers en classe ordinaire. Chaque école a donc la vocation d’accueillir les enfants à besoins spéciaux. Malgré cette inclusion, on prévoit la mise en place de classes spécialisées pour les enfants non-voyants et sourds-muets.

Différents programmes ont été implantés pour l’éducation inclusive des élèves en situation de handicap. À titre d’exemple, le Projet pilote d’éducation inclusive mis en œuvre par le cabinet Distance Learning and Training Company s’adresse aux enfants ayant des handicaps mentaux. Les phases pilotes du projet ont permis la formation d’enseignants travaillant auprès de ces apprenants. La seconde phase consistera à construire un centre dédié à ces apprenants. Leur prise en charge sera complète, allant des diagnostics à l’adaptation de leurs cursus scolaires. Du point de vue de l’éducation spécialisée, le Centre de formation et de service social de l’Église protestante évangélique de Djibouti (EPED) assure une formation bilingue destinée aux handicapés moteurs pour se former au métier d’assistant-gestionnaire de réseau informatique et aux notions d’entrepreneuriat.

Genre

Le plan sectoriel de l’éducation 2010-2019 a pour objectif d’éliminer les disparités liées au genre pour favoriser la scolarisation et la rétention de l’ensemble des élèves, particulièrement des filles en zone rurale. La Politique nationale sur le genre 2011-2021 comporte quant à elle une composante sur l’éducation (de scolarisation et d’alphabétisation) et identifie deux programmes éducatifs : le programme d'action issu de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et le programme d’action de Beijing. Ces programmes du système ordinaire visent à assurer l’équité et l’égalité entre les sexes par l’éducation. Similairement, le Plan d’action de l’éducation et de la formation professionnelle 2011-2016 visait prioritairement les zones présentant un déficit de scolarisation des filles, telles que Balbala, Dikhil, Obock et Tadjourah. Durant cette période, différents programmes ont été instaurés, dont « Éducation de base et égalité de genre ». Ce programme visait l’accès équitable aux structures scolaires et la qualité de l’éducation primaire et de l’éducation non formelle. Il a permis de promouvoir des mesures d’accompagnement pour augmenter le nombre de jeunes filles prolongeant leur scolarisation au cycle moyen en plus d’intensifier les actions de promotion de l’éducation des filles dans les zones de résistance. Il a aussi permis la distribution de kits en plus d'assurer un plaidoyer pour la scolarisation des enfants et des filles en particulier. Peu de rapports publics ont évalué l’efficacité de ce programme.

Ethnicité et langues

L’article Article 5 de la Loi 96/AN/00/4e L du 10 juillet 2000 portant orientation du système éducatif djiboutien (2000) stipule que « l’éducation et la formation sont dispensées dans les langues officielles et dans les langues nationales ». De plus, un décret pris en Conseil des ministres fixe les modalités de l’enseignement en français, en arabe, en afar et en somali. En outre, la Loi portant organisation du ministère de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur (2012) fixe les modalités de l’enseignement en français, en arabe, en afar et en somali. Par cette loi, un Bureau du développement de la langue arabe et des langues nationales a été instauré. Il est notamment chargé de mettre en œuvre et suivre la politique de valorisation de la langue arabe, de promouvoir l'introduction des langues nationales dans le système éducatif et de favoriser l'utilisation de la langue arabe par les services administratifs du Ministère.

Zones rurales

Le Plan sectoriel de l’éducation 2010-2019 poursuit l’objectif de « développer l’offre d’éducation préscolaire en collaboration avec le secteur privé, les associations et les institutions publiques, ciblant les élèves des zones rurales ». Il vise à développer les établissements préscolaires publics dans les zones rurales et les services d'éducation spécialisés reposant sur un modèle communautaire, afin de faire progresser les taux d'inscription. L’atteinte de cet objectif n’a pas encore fait l’objet d’une analyse.

Réfugiés

La Déclaration de Djibouti sur l'éducation des réfugiés vise à intégrer l'éducation pour les réfugiés et les rapatriés dans les plans sectoriels nationaux sur l'éducation d'ici à 2020 et à échanger les bonnes pratiques et l'expertise dans l'insertion des enseignants réfugiés et rapatriés dans les systèmes éducatifs nationaux. Quelques initiatives ont été menées par des ONG en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale. En 2018, le HCR a évalué les progrès réalisés en matière d'éducation des réfugiés par rapport à la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti sur l'éducation. Le ministère de l’Éducation nationale a aussi finalisé la construction d'une école adjacente au site de Markazi pour les réfugiés et les enfants de la communauté hôte et a veillé à la formation des enseignants et des administrateurs.

 

  1. Gouvernance

Sur la scène nationale, outre le ministère de l’Éducation nationale, différentes instances interviennent dans l’inclusion scolaire, dont le ministère de la Femme et de la Famille et le Secrétariat d’État chargé des affaires sociales (SEAS). La Banque mondiale, le Partenariat mondial pour l’éducation et l’UNICEF sont responsables de suivre l’implantation du Plan d’action du ministère de l’Éducation nationale pour la période 2010-2019 pour répondre au défi d’une école inclusive de qualité. À titre de médiateur, le Bureau de plaintes du Conseil national des droits de l’Homme est compétent pour instruire les recours portant sur toutes violations au droit à l’éducation. D’autres ONG sont aussi impliquées dans cette mission dont le Réseau national des personnes handicapées (RNPH) – qui représente les associations locales et nationales membres lors des consultations avec les organes étatiques et les partenaires au développement – et la Fédération de personnes handicapées de l’Afrique de l’Est. En pareille matière, le ministère de l’Éducation nationale a l’intention de mettre en place un Comité d'éducation ministériel et d'embaucher des experts au niveau régional afin de coordonner et de superviser la mise en œuvre des normes, des instruments politiques et des cadres convenus pour l'éducation pour les réfugiés, les rapatriés et les membres des communautés d'accueil.

Tout compte fait, les interactions entre les instances pour promouvoir l’éducation inclusive des différents groupes ayant des besoins éducatifs spéciaux sont limitées. Les initiatives et programmes sont peu coordonnés autour d’une même politique définie d’éducation inclusive.

 

  1. Milieu d’apprentissage

Le Plan sectoriel de l’éducation 2010-2019 prévoit l’amélioration de l’accessibilité des locaux et la considération des besoins particuliers des enfants vulnérables. Il prévoit aussi la mobilisation de ressources et l'adoption de plans de réussite des établissements scolaires ordinaires. Malgré ces objectifs, le Plan ne mentionne pas les moyens d’action liés. D’autres mesures envisagées dans ce plan consistent à mettre à jour les curricula du fondamental au regard des évolutions du contexte scolaire et des exigences sociétales et à tourner l’enseignement de plus en plus vers les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour accroître l’inclusion. À ce stade, il est difficile d’évaluer l’atteinte de ces cibles. Précisions enfin que l’obtention du permis de construire pour tous les établissements publics est conditionnée à la prise en considération de l’accessibilité. Tous les cahiers des charges doivent ainsi prévoir des dispositions en faveur de l’accessibilité des personnes handicapées telles que l'installation de rampes d’accès et la délimitation d'emplacements réservés pour les stationnements.

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

De façon générale, les informations manquent sur la formation initiale et continue des enseignants et du personnel scolaire sur l’inclusion. Le Plan sectoriel de l’éducation 2010-2019 prévoit toutefois une stratégie de détection précoce et de prise en charge d’enfants en grande difficulté d’apprentissage et l’élaboration de guides pédagogiques à cet effet. Dans cet esprit, le ministère de l’Éducation nationale prévoit la formation des assistants-psychologues et des enseignants spécialisés sur l’identification et la prise en charge des enfants en situation de décrochage scolaire.

Plus concrètement, le Projet d’accès à l’école et d’amélioration de la qualité de l’enseignement financé par la Banque mondiale et l’Association internationale de développement (IDA) accroît les capacités de formation continue pour les enseignants, les directeurs d’école et le personnel administratif. Le projet qui accorde une priorité aux filles et aux enfants présentant des besoins spécifiques a contribué à « certifier une équipe de 20 formateurs qualifiés, responsables de la formation des enseignants, aux niveaux central et régional, et de 24 formateurs d’enseignants et de conseillers pédagogiques suivant une approche d’enseignement et d’apprentissage fondée sur les compétences ». Similairement, le Projet pilote d’éducation inclusive a aussi permis la formation de formateurs qui assurent la prise en charge scolaire d’enfants ayant des handicaps mentaux.

 

  1. Suivi des données

Le pays n’a pas de rapport national de suivi sur l’éducation. Toutefois, le Plan sectoriel de l’éducation 2010-2019 identifie quelques indicateurs de l’inclusion, dont la proportion d’enseignants et de membres du personnel formés aux pratiques de suivi et de soutien des enfants en difficultés d’apprentissage. De son côté, la Politique nationale pour le genre 2011-2021 identifie des indicateurs liés à l’inclusion des genres, dont les taux de scolarisation au primaire, au secondaire, dans le secteur technique et en enseignement supérieur ainsi que les taux d’abandon. Cette politique identifie aussi le taux d’analphabétisme pour les apprenants âgés de 15 ans et plus.

Dernière modification:

dim 21/06/2020 - 23:15

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