INCLUSION

 1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieu d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Éducation inclusive

Selon le document de cadrage sur l’éducation inclusive à Madagascar (Glossaire, page 33), l’éducation inclusive est un processus/une approche basée sur la valorisation de la diversité comme élément enrichissant du processus d’enseignement / d’apprentissage et par conséquent favorisant le développement humain. Afin de mettre en place une éducation inclusive, l’école toute entière doit réfléchir aux mesures à prendre pour être accessible à tous les enfants (y compris les enfants en situation de handicap). L’éducation inclusive a pour objectif d’assurer à ces enfants l’égalité de droit et de chance en matière d’éducation et s'adresse aux enfants vulnérables ou à « besoins spécifiques », aux enfants travailleurs, aux enfants des rues, aux mineurs en conflit avec la loi, aux filles/filles célibataires et aux enfants en difficulté d’apprentissage, aux filles victimes de l’exclusion scolaire en raison de certaines pratiques coutumières, etc.

Selon le Plan sectoriel de l’éducation (2018-2022), l’éducation inclusive vise quatre groupes : les enfants jamais scolarisés, les déscolarisés, les enfants présentant des déficiences légères ou moyennes (ESH1) et les enfants présentant des déficiences lourdes ou profondes (ESH2) relevant d’établissements spécialisés. L’éducation inclusive assure que tous les enfants vulnérables ou à « besoins spécifiques », que ce soit pour raison de santé ou socio-économique, aient accès à des opportunités éducatives et que les établissements aient toutes les possibilités d’accueillir ces derniers. 

Le principe d’inclusion vise à rejoindre et à inclure toutes les personnes en honorant la diversité, le caractère unique, les talents, les croyances, les antécédents, les capacités et les façons de vivre des personnes et des groupes (Document de cadrage sur l’éducation inclusive à Madagascar). Ce principe est présenté pour les différents niveaux d’éducation et inclut un enseignement supérieur de qualité accessible non seulement aux élites, mais à chaque jeune malgache désireux de réussir, sans exclusion de genre, d’âge, d’origine géographique ou sociale.

Besoins éducatifs particuliers

Les définitions des besoins spécifiques spéciaux sont stipulées dans le document de cadrage. Toutefois, le plan sectoriel de l’éducation se réfère tant aux besoins éducatifs spéciaux et aux enfants en situation de handicap (ESH1 et ESH2) comme mentionné ci-dessus.

 

  1. Organisation scolaire

L’instauration de classes intégrées (une classe spécifique dans une école ordinaire accueillant des enfants ayant un même type de déficience et avec des besoins spécifiques demandant un accompagnement de proximité) n’est pas un sujet courant, mais touche deux des 22 régions à Madagascar. L’État favorise plutôt l’inclusion des enfants déscolarisés dans le système scolaire, par le biais du cours de remise à niveau/CRAN, destiné aux enfants de sept à 16 ans qui ont abandonné l’école. Les ONG nationales et internationales, la société civile et les organismes confessionnels s’investissent le plus pour la scolarisation des enfants en situation de handicap lourd (EH2) dans les centres spécialisés, en particulier les enfants ayant une déficience visuelle qui peuvent suivre des cours en milieu ordinaire après avoir appris le braille dans une classe spécialisée ou intégrée.

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

Handicap

Le mot « handicap » ne figure pas dans la Constitution. Aucune subvention ou aide de l’État n’est accordée aux personnes handicapées.

Du point de vue de la législation, le décret 2009-1147 fixe la politique générale de l’éducation inclusive. Les droits des personnes en situation de handicap sont mentionnés dans la Rapport national pour l’Examen périodique universel. Il est notamment mentionné que « les personnes vivant avec un handicap ont les mêmes droits que les autres citoyens en matière d’accès à l’éducation » et que « tous les enfants présentant des déficiences bénéficient d’une éducation en milieu scolaire ordinaire. Tout enfant ne se verra refuser sans motif légitime l’admission à une école primaire ». La loi 97-044 du 2 février 1998 régit quant à elle les droits des personnes handicapées, dont celui à l’éducation. En règle générale, les dispositions de la loi 97-044 respectent les recommandations des textes internationaux. En outre, l’arrêté 23144/2004 du 2 décembre 2005 porte sur les droits des personnes handicapées dans le domaine éducatif et l’arrêté 23145/2004 du 27 décembre 2004 porte sur les droits des personnes handicapées aux formations professionnelles et professionnalisantes. Enfin, selon la loi 2003-044, les personnes handicapées doivent jouir de toutes les infrastructures existantes, qu'elles soient publiques ou privées, en matière d'apprentissage et de formation professionnelle.

Du point de vue des politiques et des plans d’action, le Plan national d’inclusion du handicap (PNIH) pour la période de 2015-2019 vise à accroître l’autonomisation des personnes en situation de handicap, notamment par l’éducation. Le Plan sectoriel de l'éducation 2018-2022 propose quant à lui des solutions pour corriger les disparités en termes d’accès par la construction d’écoles par les communautés et le renforcement de l’accueil des enfants présentant des déficiences légères, moyennes ou sévères. Il identifie deux axes stratégiques : sensibilisation et identification ainsi que mise en place d’un accueil scolaire de qualité. Les objectives indiqués dans le Plan suggèrent que Madagascar vise à accueillir 15 % des ESH1 dans le système éducatif normal et 15 % des élèves en ESH2 dans des établissements spécialisés. Le Plan précise aussi le processus d’inclusion des enfants en situation de handicap dans le système scolaire. Une fois identifié, un enfant ESH doit être examiné par un responsable de santé (médecin eou paramédical) sous réserve d’une autorisation formelle des parents. L’objet de cette consultation est :

  • pour les ESH1 : de disposer d’informations précises quant au type et au degré de déficience de l’enfant ; de pouvoir établir un carnet de santé donnant des instructions spécifiques que l’enseignant devra respecter afin de bien accueillir et de prendre en charge cet enfant ; et
  • pour les ESH2 : de déterminer les besoins en aides techniques telles que des prothèses, des lunettes, des manuels en braille, etc. pour être plus indépendant et faciliter l’apprentissage ; fournir les équipements collectifs comme la peinture du tableau (pour améliorer la visibilité) ou l’aménagement acoustique de la salle de classe.

Genre

Le ministère de l’Éducation se base sur l’agenda ODD4 - Éducation 2030 et prône l’élimination des toutes les inégalités entre les genres dans les domaines de l’éducation et de la formation technique et professionnelle. Des initiatives liées au genre ont été initiées, dont le programme « Grande sœur » lancé en 2001 qui vise à aider les filles à poursuivre leur cycle scolaire. Dès 2019, l’éducation sexuelle sera au programme scolaire pour les lycéens.

Ethnicité et langues

Le Plan sectoriel de l'éducation 2018-2022 ne fait pas de mentions directes sur l'inclusion des minorités, bien qu’il ait été élaboré avec des « représentants des minorités ». En ce qui concerne les langues, le même Plan inclut parmi ses objectifs la création d’un système d’enseignement de base qui sera organisé en trois sous-cycles de trois ans chacun. À la fin du premier sous-cycle, l’élève devra savoir lire dans sa langue maternelle pour permettre l’introduction d’une langue seconde dans le deuxième sous-cycle. Toutefois, comme précisé dans le même plan, une politique linguistique est à définir. Cette politique :

  • inscrit le choix des langues d’enseignement appropriées au contexte, planifié et aménagé ;
  • veille particulièrement à la prise en compte de la gestion quotidienne du bi-plurilinguisme (variété dialectale/français), à la gestion de l’alternance des langues dans les pratiques de classe qu’il conviendra de formaliser ;
  • promeut une didactique fondée sur une approche plurilingue afin que les usages des différentes langues s’enrichissent mutuellement pour développer la compétence communicative chez les élèves ;
  • met l'accent sur les premiers apprentissages (lecture, écriture, mathématiques) et la transition de la langue maternelle vers la langue seconde.

Zones rurales

Le Plan sectoriel de l’éducation 2018-2022 fait plusieurs mentions aux zones rurales. Le Programme CERES (Centres de renforcement scolaire) lutte depuis une dizaine d’années contre l’échec scolaire des jeunes ruraux de la région de Fianarantsoa. Depuis 2007, près de 9 000 élèves ont été accompagnés dans le cadre du dispositif CERES. Ces derniers ont obtenu 83 % de réussite au BEPC (2016-2017) et 86 % de réussite au bac (2016-2017), soit plus de deux fois le taux de réussite nationale. Parmi les objectifs à réaliser pour les deux premiers sous-cycles, le Plan affiche celui d'améliorer l’accès dans les zones rurales et enclavées et pour les couches les plus défavorisées et vulnérables. Dans cette zone, l’effort public se concentrera aussi dans le développement du préscolaire.

Pour renforcer la présence des enseignants dans les zones rurales et éloignées, il a été décidé dans le Plan sectoriel de l’éducation que tout enseignant nouvellement recruté devrait commencer son service dans une zone rurale, là où les besoins se font les plus sentir.

Pauvreté

La Politique nationale de prévoyance sociale (PNPS) vise à « réduire de 15 % le nombre de la population en situation d’extrême pauvreté ». Des mesures ont été implantées en ce sens pour y parvenir. Par exemple, le ministère de l’Éducation nationale a dédié une ligne budgétaire pour l’alimentation scolaire. De plus, depuis 2002, la gratuité de l’éducation primaire est effective et depuis 2004, les élèves sont tous dotés au moment de la rentrée d’un kit de fournitures et de manuels scolaires.

Le cours de remise à niveau (CRAN), qui s’inscrit dans le Plan sectoriel de l'éducation 2018-2022, fait partie de la stratégie d’insertion/réinsertion et rétention scolaire des enfants/jeunes déscolarisés et des non-scolarisés.

 

  1. Gouvernance

La Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH) est responsable de veiller au respect des droits des personnes handicapées. Le ministère de l’Éducation nationale est quant à lui chargé d’orienter ses actions vers la lutte contre l’exclusion scolaire et promouvoir l’insertion, la réinsertion et la rétention scolaire des enfants et des jeunes vulnérables. La Direction des personnes handicapées et des personnes âgées du ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme est pour sa part la seule branche gouvernementale chargée spécifiquement de promouvoir et protéger les droits et bien-être des personnes handicapées. Tout compte fait, différentes instances se partagent la responsabilité de l’éducation inclusive et les responsabilités demeurent plutôt fragmentées et la coordination entre ces instances reste limitée.

Le Plan sectoriel de l'éducation prévoit explicitement des stratégies pour améliorer la gouvernance. Il a été envisagé plusieurs séries de mesures à deux niveaux :

  • une gestion décentralisée et participative des établissements scolaires : l’objectif est de généraliser l’opérationnalisation des FEFFI (Farimbon’Ezaka ho Fahombiazan’ny Fanabeazana eny Ifotony , Partenariat pour le développement de l’éducation à la base).
  • la déconcentration progressive de la gestion des ressources financières en faveur des FEFFI et des DREN.

 

  1. Milieu d’apprentissage

Matériel didactique 

Les programmes et les manuels sont exempts de discrimination fondée sur le sexe, mais l'encouragement à l'équité, l'inclusion, etc. est faible. Du point de vue du matériel pédagogique, l’Unité de conception et d’édition de manuels scolaires (en partenariat avec le ministère de l’Éducation) offre des manuels scolaires à bas prix.

Le Plan sectoriel de l’éducation 2018-2022 indique parmi ses stratégies celle visant à mener‘une réforme curriculaire, notamment au niveau des langues et des méthodes d’enseignement, qui répond aux besoins socioculturels économiques et environnementaux du pays. Cette reforme s’effectuera d’une manière progressive.

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

Le Plan sectoriel de l’éducation 2018-2022 prévoit la mise en place d’un accueil scolaire de qualité par la formation des enseignants responsables des Cours de remise à niveau (CRAN). Il souhaite faciliter la planification dans l’affectation et assurer l’affectation dans des zones reculées. Sur le terrain, une très faible proportion d’enseignants des écoles publiques comme privées ont toutefois bénéficié d'une formation sur l’éducation inclusive. À ce sujet, l'Institut national de formation pédagogique (INFP) forme les conseillers pédagogiques du primaire et les professeurs de collèges d'enseignement général dans 19 centres régionaux.

 

  1. Suivi des données

Le pays n’a pas de rapport national de suivi sur l’éducation. Étant donné une quasi-inexistence de données fiables pour mesurer les efforts entrepris en éducation inclusive, le Plan sectoriel de l’éducation 2018-2022 aspire à créer une base de données actualisée et fiable sur l’éducation inclusive, des plates-formes régionales et locales qui appuieront les services déconcentrés du ministère de l’Éducation et des comités de pilotage. Le Plan identifie enfin certains indicateurs liés à l’éducation inclusive dont le nombre d'enfants déscolarisés et non scolarisés recensés, le pourcentage d'enfants en situation de handicap accueillis respectivement dans le système éducatif formel et dans des écoles spécialisées ainsi que le nombre d'enfants et de jeunes déscolarisés accueillis dans les CRAN.

Dernière modification:

dim 21/06/2020 - 23:19

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