Technologie

1. Terminologie

2. Lois, politiques, plans et régulations en matière de technologie en éducation

2.1. Cadre législatif et politique en matière de technologies en éducation

2.2. Infrastructures technologiques, capacité technologique des écoles et environnements d'apprentissage

2.3. Compétences technologiques des apprenants et des enseignants

2.4. Cybersécurité et sécurité

3. Governance

3.1. Institutions en charge de la technologie dans l'éducation et mécanismes de coopération

3.2. Rôles des écoles

 

1. Terminologie

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 se réfère exclusivement aux technologies de l'information et de la communication (TIC), alors que le Plan national de développement du Burundi 2018-2027 porte autant sur les technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement (TICE) que les TIC.

 

2. Lois, politiques, plans et régulations en matière de technologie en éducation
 

2.1. Cadre législatif et politique en matière de technologies en éducation

Constitution et lois : La Constitution (2005) ne porte pas explicitement sur la technologie. La Loi n° 1/19 du 10 septembre 2013 portant organisation de l'enseignement de base et secondaire stipule que la formation professionnelle est adaptée continuellement aux besoins de l’emploi et de l’évolution technologique (article 107). De plus, elle énonce que le perfectionnement professionnel s’adresse à tous les travailleurs en cours d’emploi afin de suivre l’évolution technologique (article 111). De plus, la Loi n° 1/22 du 30 décembre 2011 portant réorganisation de l'enseignement supérieur au Burundi précise différents modes de formation, dont en présentiel ou non présentiel, à distance ou une combinaison des deux.

Politiques : La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 promue par le Secrétariat exécutif des TIC (SETIC) vise à « réaliser l’accès universel des TIC sur tout le territoire national » afin d’accélérer la croissance économique et de devenir un centre d’excellence dans le secteur des TIC à l’Horizon 2025. Elle vise à améliorer l’éducation formelle et informelle en TIC à tous les niveaux de l’éducation. La Politique nationale de la recherche scientifique et de l’innovation technologique a également été publiée en 2011 par le ministère de l'Éducation nationale et de la Recherche scientifique (MESRS).

Plans et stratégies : Le Plan transitoire de l’éducation au Burundi 2018-20 n’identifie pas d’actions spécifiques liées à l’intégration des technologies dans l’éducation, alors que le Plan sectoriel de développement de l’éducation et de la formation (PSDEFF) 2012-20 souligne surtout l’importance de promouvoir les filières scientifiques et technologiques.

Plus globalement, le Plan national de développement du Burundi 2018-2027 comporte deux objectifs propres aux TIC, soit promouvoir les TIC au service du développement et améliorer la disponibilité et de la diversification des services média à travers tout le pays. En parallèle, la Vision « Burundi 2025 » ambitionne également de mettre le pays dans la mouvance et l’utilisation des TIC à l’horizon 2025. Elle a pour objectif de permettre aux Burundais d’accéder aux techniques modernes de l’informatique et de la télécommunication et de développer le secteur des services et la formation de l’expertise nationale en TIC. En outre, le Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (2012) visait à mettre en œuvre les applications des TIC dans les différents secteurs économiques et sociaux du Burundi et d'améliorer la connectivité rurale et l'accès universel aux télécommunications.

Enfin, le Plan stratégique pour la science, la technologie et la recherche (PSSTR) a été adopté en 2010 par le MESRS.

Cadres de compétences numériques : Aucun cadre de compétences numériques pour les apprenants ou les étudiants ne semble avoir été adopté par le pays.

Changements consécutifs à la COVID-19 : Le ministère de l'Éducation, de la Formation technique et professionnelle a toutefois développé à travers le groupe de travail sur l’éducation en situation d’urgence (GdT ESU) un Plan de réponse COVID-19 pour le secteur de l’éducation qui s’aligne sur le Plan national de réponse à la COVID-19, ce dernier étant sous l’impulsion du ministère de la Santé, avec l’appui des partenaires au développement.

2.2. Infrastructures technologiques, capacité technologique des écoles et environnements d'apprentissage


2.2.1. Infrastructures technologiques et capacité technologique des écoles

Électricité : En octobre 2022, l’État a procédé à l'ouverture de la table ronde sur l'accès universel à l'électricité au Burundi. L'article 4 de la loi no 1/13 du 23 avril 2015v portant réorganisation du secteur de l'électricité au Burundi stipule que le service public de l'électricité garantit le droit de tous à l'électricité.

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 relève les coûts élevés de l’électricité et sa faible disponibilité, mais ne propose pas d’action spécifique pour améliorer son accès. Le Plan transitoire de l’éducation au Burundi 2018-20 prévoyait un bilan précis de la fourniture d’électricité et d’électricité alternative, par exemple en panneaux solaires, afin de planifier des mesures de remédiation possibles.

Ordinateurs et appareils : La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 vise à équiper les écoles et les bibliothèques des « outils TIC appropriés » et à promouvoir le développement des bibliothèques numériques à accès facile. Elle aspire également à accroître le taux de pénétration des PC dans le secteur public en rendant les ordinateurs accessibles dans les bureaux et services gouvernementaux. De plus, le financement reçu du Partenariat mondial pour l'éducation avec l’UNICEF comme agent partenaire soutient la distribution de postes de radio et de matériel d'apprentissage aux enfants les plus vulnérables durant la pandémie de COVID-19.

Le Plan de réponse humanitaire du Burundi consolidé par OCHA en mars 2021 rappelle la campagne de distribution élargie de radios solaires utilisée lors des confinements.

Connexion à Internet : En octobre 2017, le Burundi a adopté la loi n° 100/186, qui établit le Fonds de Service Universel pour le Burundi, visant à fournir des services de connectivité de base aux zones rurales et défavorisées où les entités commerciales de télécommunication sont absentes. Les missions de l’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) sont consignées dans le décret/loi n°100/112 du05 avril 2012 qui stipule que l’ARCT évalue les coûts du service et de l’accès universel et assure la gestion du fonds de service et de l’accès universel.

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 vise à créer un réseau Internet pour connecter toutes les écoles tant publiques que privées pour permettre des échanges divers liés à leurs activités. Plus spécifiquement, elle vise à « relier les écoles, les universités et des centres de recherche à des établissements de téléenseignement, à des bases de données, à des bibliothèques, à des laboratoires de recherche et à des services informatiques nationaux et internationaux ». Elle aspire également à promouvoir des échanges entre les institutions académiques, la société civile et le secteur privé. De plus, elle encourage la création de centres communautaires d’accès dans les structures publiques existantes telles que la poste et les écoles pour accroître l’accès à l’éducation et à la connaissance via les technologies. Similairement, le Plan national de développement du Burundi 2018-2027 vise à moderniser et à accroître l’accès des infrastructures au réseau de la téléphonie fixe, mobile et au WIFI public, en plus d’assurer la promotion de la connectivité large bande en milieu rural.

Le projet Burundi Large Bande lancé en 2018 par l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT) vise à ce que tout le pays soit connecté à l’Internet d’ici à 2025. Depuis 2014, le Point d’Échange Internet du Burundi (BurundiXP) sert de « cadre d’échange et de collaboration » entre les fournisseurs des services internet. Ces derniers doivent collaborer avec des organismes nationaux, régionaux et internationaux et nouer des liens de partenariat en vue de fournir de meilleurs services Internet.

2.2.2. Technologie et environnements d’apprentissage

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 prévoit renforcer les capacités en infrastructures TIC pour l’Université du Burundi en procédant notamment à la mise en place d’une plateforme de vidéoconférence et de télé-enseignement. Elle souligne également l’importance des méthodes telle que la Formation par Ordinateur (CBT-Computer Based Training) et l’Apprentissage-e (apprentissage à distance ou apprentissage en ligne) pour donner une éducation de qualité. De ce fait, elle soutient la prolifération d’universités virtuelles et d’instituts éducationnels et l’utilisation de sites web éducationnels qui fournissent un appui à l’éducation formelle. De plus, elle encourage la recherche et le développement TIC à travers l’établissement d’un portail ou réseau universitaire. Enfin, elle vise à utiliser la radio et la télévision pour l’amélioration des niveaux éducationnels, surtout informels. Elle encourage à cet effet les médias à allouer des tranches horaires aux informations relatives au développement des technologies et aux programmes éducationnels en matière de TIC, notamment sur les effets positifs des TIC sur le développement social, économique et culturel du pays.

Durant la pandémie de COVID-19, le Projet d'appui à l'amélioration des apprentissages en début de scolarité (PAADESCO) du ministère de l’Éducation appuyé par la Banque mondiale, a permis d’assurer la transcription et la diffusion de contenus pédagogiques. En outre, des discussions ont été engagées avec les radios diffuseurs publics et privés pour une couverture maximale du territoire. À cet égard, des postes radios avec un port carte SD ont également été achetés par l’UNICEF avec le financement de la Banque mondiale et distribués. De plus, le Programme d’appui à la continuité des apprentissages face à la pandémie COVID-19 comportait un axe d’intervention qui s’articulait autour de la mise en œuvre d’un dispositif d’enseignement à distance, notamment à travers la radio, pour assurer la continuité de l'apprentissage, surtout des plus vulnérables. Il était alors prévu d’imprimer des supports papier et de diffuser des programmes éducatifs sur les ondes.

La Politique nationale de communication (2012) porte également en partie sur la technologie. Sous la supervision des ministères en charge de l’Enseignement supérieur et de la Communication, elle aspire à créer une radio universitaire, offrant un espace de diffusion des travaux de recherches effectuées par les professeurs et les étudiants de toutes les facultés et instituts universitaires au Burundi et un espace pour la promotion et la vulgarisation des mémoires et thèses. Enfin, le Plan de réponse humanitaire du Burundi (2021) priorise l’utilisation de la radio pour la sensibilisation des communautés les affectées, les femmes et les jeunes de moins de 20 ans.

2.3. Compétences technologiques des apprenants et des enseignants


2.3.1. Apprenants

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 prévoit faire inscrire dans les programmes scolaires, l’apprentissage de l’informatique « aussitôt que les éléments essentiels du langage auront été assimilés ». Elle affirme ainsi que les TIC devraient faire partie des syllabus à tous les niveaux éducationnels, soit l’enseignement primaire, secondaire, professionnel et universitaire. Pour ce faire, il est prévu d’identifier les niveaux de compétences requises en TIC pour les différents niveaux éducationnels. Enfin, cette Politique prévoit développer des programmes d’équivalence afin de permettre à ceux qui ont l’expérience propre aux TIC, mais qui sont sans qualifications, de « tirer profit de leurs positions et des contrats destinés à des niveaux éducationnels plus élevés ».

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 s’assure également que les filles et les femmes participent sans exclusion aux formations et activités TIC, mais ne fais pas référence explicitement aux science, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM). En contrepartie, le Plan sectoriel de développement de l’éducation et de la formation (PSDEFF) 2012-20 visait à promouvoir l’orientation des élèves vers les séries scientifiques et technologiques. Dans cette optique, il était prévu de renforcer l’enseignement de ces disciplines par l’adoption de programmes intensifs de mise à niveau et par l’allégement des programmes des disciplines dites non essentielles. En outre, il était prévu d’organiser des concours dans les filières scientifiques et technologiques avec l’octroi de bourses d’excellence. Depuis 2019, le Burundi célèbre la Journée internationale des femmes et des filles de science.

Dans la foulée de la réforme qui a conduit à l’introduction de l’école fondamentale (ECOFO) en 2013, l’informatique a été prise en compte plus largement dans les écoles. Le programme des TIC confié aux enseignants de sciences et technologie constitue en une initiation à l’informatique.

2.3.2. Enseignants

En 2022, le Burundi, via le programme d’Appui à la professionnalisation des pratiques enseignants et au développement de ressources) (APPRENDRE) de l’Agence française de développement (AFD) a annoncé un futur référentiel de formation pour le renforcement des capacités des enseignants des disciplines scientifiques, qui incluent la technologie et à l’intérieur de celle-ci, les TIC.

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 a comme objectif d’avoir de nombreux professionnels formés dans le secteur des TIC. Elle prévoit d’ailleurs inviter le secteur privé de l’éducation à former son personnel en TIC en inscrivant les dépenses de formation dans les charges déductibles de la base d’imposition. En outre, elle ambitionne de concevoir des schémas de formation pour l’enseignement des TIC aux enseignants. Une autre mesure envisagée consiste à encourager l’introduction de l’octroi de certificats et l’accréditation d’instituts qui dispensent une formation diplômante aux enseignants et aux étudiants sur les technologies.

En 2018, l’École Normale supérieure (ENS) de Bujumbura a mis en place une filière de génie informatique pour former des enseignants qualifiés dans l’enseignement de l’informatique.

2.4. Cybersécurité et sécurité


2.4.1. Confidentialité des données

En 2020, le Burundi n’avait toujours pas adopté de loi sur la protection des données personnelles. La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 aspire à cet égard à mettre en place une loi relative à la protection des données à caractère personnel et à la cybercriminalité. Dans cet esprit, le Centre d’intervention national est appelé à fournir des séances d’information à haut niveau à la population sur l’évolution des menaces concernant la cybersécurité.

Le chapitre V de la Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant révision du Code pénal contient des articles sur la cybercriminalité V portant sur la criminalité informatique. Il ne réfère toutefois pas au secteur de l’éducation. Similairement, la Loi N°1/09 du 11 mai 2018 permet aux forces de sécurité de mener des perquisitions multiples, sans mandat d’un juge, et d’accroître les prérogatives de l’État en matière de surveillance et cybersurveillance. En outre, l’article 23 du décret-loi no 1/11 du 4 septembre 1997 portant dispositions organiques sur les télécommunications stipule que les fournisseurs de réseaux et de services sont tenus de veiller à la confidentialité, à la protection et au secret des données. De plus, l’article 83 de la Loi organique n°1/03 du 20 février 2017 établit la création d’un service chargé à la cybercriminalité au sein de la police nationale.

2.4.2. Abus en ligne et cyberintimidation

Le chapitre VIII du Code pénal (2009) porte sur le harcèlement. L’article 252 stipule que quiconque a injurié publiquement une personne est punie d’une servitude pénale d’un mois à un an et d’une amende allant jusqu’à 100 000 francs burundais (50 dollars des États-Unis). Toutefois, ce chapitre ne porte pas explicitement sur le harcèlement en ligne. L’article 256 définit cependant le harcèlement comme « le fait de procéder à des appels téléphoniques malveillants et réitérés, d’adresser à autrui des lettres anonymes ou tracts ou de lui proférer des menaces de toute sorte en vue de troubler sa tranquillité ». À cet égard, toute personne reconnue coupable de harcèlement est punie d’une peine de servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende.

 

3. Governance
 

3.1. Institutions en charge de la technologie dans l'éducation et mécanismes de coopération

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025, qui incombait initialement au ministère des Télécommunications, de l’information, de la Communication et des Relations avec le Parlement (MINITIC/RP) – maintenant le ministère de la Communication, des Technologies et des Médias –  souligne l’absence de délimitation de responsabilités entre les ministères ayant en charge l’éducation et le ministère de tutelle des TIC. De plus, ce manque est aussi observé entre les structures institutionnelles chargées de la coordination, de la mise en œuvre et du suivi-évaluation de cette Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 dans le secteur de l’Éducation. Enfin, cette Politique relève l’absence d’une unité en charge des TIC au sein des ministères en charge de l’Enseignement qui comporte un personnel à l’expertise adéquate, pour agir en tant que point focal chargé de la gestion et la mise en œuvre de la politique des TIC. Tout compte fait, la Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 prévoit créer un corps qui jouera le rôle de liaison entre le secteur TIC et le secteur de l’éducation.

Dans ce contexte, le ministère de l'Éducation nationale et de la Recherche scientifique (MESRS) est doté de cinq commissions, dont la Commission nationale de la Science, la Technologie et l'Innovation (CNSTI) qui soutient la coordination des activités de la recherche du MESRS et propose des orientations dans le domaine de la science, la technologie et l’innovation.

Le ministère de la Communication, des Technologies et des Médias a notamment pour mission principale de concevoir, promouvoir et exécuter la politique nationale en matière de la TIC. Il vise aussi à promouvoir, en collaboration avec les autres ministères concernés, la formation dans le domaine des TIC. Sous ce ministère, le Secrétariat exécutif des TIC (SETIC) promeut la Politique nationale de développement des TIC. Il a pour mission d’appuyer techniquement les organisations publiques, privées et non gouvernementales dans l’exécution de cette Politique.

Enfin, l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT) a pour rôle le contrôle et la régulation du secteur des télécommunications. Elle complète le travail du Conseil national de la communication (CNC) créé en 1992 qui est chargé de la régulation des médias.

3.2. Rôles des écoles

La Politique nationale de développement des TIC 2010-2025 précise toutefois que les établissements ont la responsabilité de participer à un réseau d’échanges avec d’autres écoles tant publiques que privées et la société civile. 

Dernière modification:

jeu 18/05/2023 - 10:55

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