INCLUSION

1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieux d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Le Programme décennal pour l’éducation en Guinée (ProDEG) place les enfants en situation de handicap avec les autres enfants dits non handicapés dans les mêmes écoles et dans les mêmes salles de classe tout en réunissant les meilleures conditions d’accueil et d’étude (constructions scolaires, curriculums et outils pédagogiques adaptés, visites médicales, octroie de kits d’hygiène, etc.). Cette stratégie constitue en quelque sorte une définition opérationnelle de l’inclusion, surtout orientée sur les élèves en situation de handicap. Toutefois, le pays ne semble pas avoir adopté pour l’instant une définition arrêtée de l’éducation inclusive dans les documents officiels. Les enfants à besoins éducatifs spécialisés réfèrent aux élèves en situation de handicap.

 

  1. Organisation scolaire

Il y a quelques écoles spécialisées en Guinée (sous la responsabilité du ministère des Affaires sociales) pour les élèves malentendants, sourds, sourds-muets, malvoyants, aveugles, autistes, épileptiques, etc. L’École des sourds et malentendants de Boulbinet, l'École des aveugles et malvoyants de Ratoma, l’Institut des jeunes aveugles de Kankan et le Centre Nimba polyvalent de Matoto en sont des exemples. Ces écoles spécialisées prennent généralement en compte uniquement le secteur de l’enseignement élémentaire et éventuellement le préscolaire ; toutefois, le nouveau programme décennal affirme que les écoles spécialisées prendront en charge tout le système éducatif, c’est-à-dire de la maternelle à l’université.

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

La Constitution prévoit à l’article 1 que : « La Guinée […] assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race, d’ethnie, de sexe, de religion et d'opinion. Elle respecte toutes les croyances. […] Nul ne doit être privilégié ou désavantagé en raison de sa naissance, de sa race, de son ethnie, de sa langue, de ses croyances et de ses opinions politiques, philosophiques ou religieuses ». En Guinée, pour faire de l’éducation pour tous une réalité, la scolarisation et la formation des personnes hors du système éducatif (enfants handicapés, enfants guides, enfants de la rue,…) sont des droits qui doivent être pris en compte dans le Programme décennal de l’éducation de Guinée (ProDEG 2019-2028).

Dans cet esprit, les Programmes sectoriels de l’éducation (PSE) 2008-2015 et 2015-2017 (prolongé jusqu’en 2018) ont comme objectif de cibler des actions pour permettre progressivement de corriger les disparités liées au genre, aux zones, aux revenus et éviter l’exclusion. La Lettre de politique sectorielle de l’éducation (LPSE) 2015-2017 vise à « développer un système éducatif inclusif de qualité, capable de produire un capital humain qui réponde aux besoins des secteurs informel et moderne de l’économie ». En outre, le document de politique nationale d’Alphabétisation et l'éducation non formelle de janvier 2018 (lien non accessible) élaboré par la Direction nationale de l’Alphabétisation identifie divers groupes cibles, dont les jeunes et adultes non scolarisés âgés de 15 ans et plus, les travailleurs analphabètes du secteur moderne et informel, les enfants et adolescents non scolarisés et déscolarisés, les personnes en situation difficile (jeunes dans la rue, en pénitence, les déplacés, les réfugiés, etc.), les apprenants des foyers coraniques,les enfants des populations nomades et les personnes handicapées.

Handicap

L’article 19 de la Constitution soutient que « les personnes handicapées ont droit à l’assistance et à la protection de l’État, des Collectivités et de la société ». Les Programmes sectoriels de l’éducation (PSE) 2008-2015 et 2015-2017 ont pris des mesures pour la scolarisation des enfants porteurs de handicaps : « …une subvention par élève représentant 10 pour cent du coût d’un élève […] sera aussi élargie aux handicapés (mal ou non voyants/entendants) dans le cadre d’un programme d’éducation spéciale ». Il est toutefois difficile d’évaluer la portée et les retombées de cette orientation. Dans la Lettre de politique sectorielle de l’éducation (LPSE) 2020-2029 (lien non accessible), le gouvernement s’engage à adapter les curricula, les infrastructures et les équipements aux personnes en situation de handicap.

Le projet Development of Inclusive Education in Guinea de la Banque mondiale visait à augmenter l'accès des enfants légèrement handicapés aux écoles primaires et préscolaires ordinaires et à installer des latrines dans les écoles pilotes. Il est aussi difficile d’évaluer les retombées pratiques de ces deux projets précités. Enfin, Éducation internationale a aussi mené des projets pilotes d'éducation spécialisée inclusive dont l'objectif était l'intégration des enfants avec déficits légers dans le système scolaire régulier dans 17 préfectures et dans la zone spéciale de Conakry.

Genre

L’article 8 de la Constitution affirme que « les hommes et les femmes ont les mêmes droits ». Dans cet esprit, l’État s’est doté de la Loi d’orientation de l’Éducation (1989) qui sert de cadre de référence aux différents plans du ministère de l’Éducation. Cette loi vise l’élimination des disparités entre les filles et les garçons.

Selon l’Examen national 2015 de l’Éducation pour tous, le gouvernement visait à étendre le programme de tutorat des filles en difficulté d’apprentissage et à octroyer des kits de fournitures scolaires et l’uniforme aux filles. L’approche FIERE (Filles éduquées réussissent) cible les filles en difficultés scolaire et sociale des classes de 5e et de 6e années. Les centres NAFA (mixtes) permettent à plusieurs filles de 9 à 14 ans ayant quitté l’école à un jeune âge et à celles qui n’y sont jamais allées d’être scolarisés. Ces centres construisent des passerelles entre les systèmes formel et non formel. Le Fonds commun pour l’éducation de base (FoCEB) contribue à la dynamisation de ces centres, au développement des programmes et à l’acquisition d’équipements, de matériels didactiques et de fournitures scolaires. L’UNICEF apporte aussi son soutien aux centres NAFA par du matériel, de l’aide ponctuelle et des consultations auprès du ministère de l’Éducation.

Notons enfin que les différents programmes d’alphabétisation déroulés entre 2010-2012 et 2016-2019 pour plus de 100 000 personnes ont connu la participation de 70 % de femmes et filles.

Groupes ethniques et linguistiques

On note l’existence de plusieurs langues locales et de dialectes. Cette diversité dépend des groupes ethniques et des régions naturelles du pays. Officiellement, huit langues nationales sont reconnues et codifiées par l’Institut national de recheche en linguistique appliquée (IRLA), soit le soso, le maninkakan, le poular, le pkèlè, le lomagoe, le kissiei, le wamey et l’onéan. À ces langues s’ajoute le français comme langue officielle. Les autres langues comme le baga, le koniagui, le kouranko, le lélé, le bassari, le badiaranké sont considérées comme des variantes dialectales des premières. Cela étant, il y a peu de politiques pour l’inclusion des groupes ethniques et linguistiques vulnérables. L’alphabétisation se fait dans toutes les langues nationales. La promotion des langues autochtones en voie de disparition est une des priorités pour le gouvernement.

Zones rurales ou éloignées

La Loi d’orientation de l’Éducation de 1989 (lien non accessible) vise l’élimination des disparités entre les zones urbaines et rurales. Le nouveau programme décennal a aussi comme priorité l’accès équitable à l’enseignement général et dans toutes les régions du pays. Des efforts préalables ont été faits dans ce sens par la création de plusieurs écoles de trois classes, des classes multigrades et la création d’écoles à classe unique dans les villages à moins de 500 habitants. De plus, 13 écoles à classe unique ont été construites par le Fonds commun de l'éducation de base (FoCEB) pour expérimentation. Les études pour leur ouverture sont en cours. Le Programme vise aussi l’élargissement des cantines scolaires dans les villages très pauvres et la création de classes pour le préscolaire.

Pauvreté

Le gouvernement a produit le Document de stratégie de réduction de la pauvreté en 2011-2012, qui vise à renforcer les capacités des comités genre et équité dans le secteur de l’éducation. Dans le document Examen national 2015 de l’Éducation pour tous, il a aussi identifié certaines mesures pour assurer l’inclusion de ce groupe vulnérable et l’amélioration de la rétention à l’élémentaire, notamment en construisant de nouveaux établissements scolaires, en recrutant plus d’enseignants, en accordant des primes de zone aux enseignants afin de les attirer et de les retenir dans des localités difficiles, en mettant en place des cantines, et en distribuant des kits de fournitures scolaires.

 

  1. Gouvernance

L’éducation est sous la responsabilité du ministre de l'Éducation nationale et de l'Alphabétisation et celle des apprenants handicapés est sous la responsabilité du ministère de l’Action sociale, de la Promotion féminine et de l’Enfance. Des partenariats ont aussi été créés avec d’autres ministères et ONG pour la conception du prochain Programme décennal de l’éducation 2019–2028. En effet, une session de travail s’est tenu entre des cadres du ministère de l’Action sociale, de la Promotion féminine et de l’Enfance, du ministère de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle, de l’Emploi et du Travail, de l’UNICEF, de la GIZ, de Plan international Guinée et de ChildFund. Cela étant, dans la pratique, ce sont essentiellement les ONG qui contribuent à instaurer les projets d’éducation inclusive (financés notamment en partie par l’Association internationale de développement et la Banque africaine de développement).

 

  1. Milieux d’apprentissage

Infrastructure

Le Cadre de politique de réinstallation (CPR) du ministère de l’Éducation, qui a orienté le plus récent Programme décennal de l’éducation, souligne la nécessité que les plans types d’école primaire pour les zones à faible pression foncière comportent « trois classes, un bureau directeur avec un local de rangement, des latrines séparées filles et garçons et un point d’eau amélioré ». Ce cadre estime le coût des travaux à 11 000 dollars des États-Unis par classe. L’Examen national 2015 de l’Éducation pour tous a aussi encadré la construction de latrines et de rampes dans 144 écoles. Des kits scolaires, des dictionnaires visuels et des outils pédagogiques destinés aux enfants ayant des handicaps ont été acquis. Or, encore aujourd’hui, les écoles équipées d’ascenseur et de rampes sont rares, voire inexistantes, ce qui limite notamment l’accès des élèves en fauteuil roulant. Aujourd’hui, toutes les écoles construites par le PSE/FoCEB entre 2016-2019 ont des rampes et des toilettes accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Curriculum

Le Plan national de développement économique et social 2016-2020 soutient que « le gouvernement envisage l’utilisation des langues nationales dans le processus d’amélioration des apprentissages dès les premières années de scolarité des élèves ».

Matériel didactique et équipements 

LProgramme sectoriel de l’éducation (PSE) 2015-2017 affirme que toutes les stratégies prendront en compte la dimension « éducation inclusive » afin de scolariser le maximum d’enfants porteurs de handicaps. Ces stratégies consistent notamment en l’élaboration de modules de formation intégrant différentes méthodologies, l’approche genre, la pédagogie active et les compétences de la vie courante. En outre, les choix des manuels scolaires relèvent des ministères, ce qui freine la diversification des offres de formations. Dans le Programme décennal pour l’éducation en Guinée (ProDEG), il est aussi prévu d’adapter l’environnement d’enseignement et d’apprentissage au besoins spécifiques des enfants en situation de handicap. Un protocole d’assistance matérielle, humaine et technique est élaboré et adapté. L’éducation inclusive est intégrée dans la prise de décision par les différents acteurs.

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

Malgré les neuf écoles normales d’instituteurs du pays (Conakry, Boké, Kaloum, Dubréka, Kindia, Labé, Faranah, Kankan et N’Zérékoré), peu de cours ou de programmes de formation des enseignants sont orientés sur l’éducation inclusive. À ce sujet, il n’y a pas d’école pour former les enseignants au niveau pré-scolaire ni les travailleurs sociaux spécialisés sur le handicap et sur les élèves surdoués.

 

  1. Suivi des données

Un Rapport d’État sur l’éducation nationale (RESEN) a été élaboré entre 2015-2017 et fut un des documents clés pour le développement du Programme décennal pour l’éducation en Guinée (ProDEG) 2019-2028. Ce rapport contient tous les éléments sur l’éducation en Guinée de 2006 à 2017. Parmi les recommandations de ce rapport figure la formation des enseignants pour le préscolaire et la formation de tous les enseignants de l’élémentaire sur les méthodes et techniques de prise en charge des personnes ayant des handicaps pour une éducation inclusive.

Cela étant, les Programmes sectoriels de l’éducation (PSE) 2008-2015 et 2015-2017 ont identifié certains indicateurs de suivi sur l’inclusion, dont l’indice de parité filles/garçons au primaire et au secondaire général, le pourcentage d’enfants porteurs de handicaps parmi les élèves du primaire, l’indice de parité rural et urbain, le taux brut de scolarisation au collège en zone rurale et le nombre d'apprenants dans les centres NAFA. Enfin, la Banque mondiale, dans son projet Development of Inclusive Education in Guinea a identifié d’autres indicateurs dont le nombre : d’enfants légèrement handicapés fréquentant des écoles situées dans des zones ciblées ; de formateurs et d’enseignants formés à des programmes d'éducation spécialisée ; d’écoles offrant un environnement d'apprentissage favorable aux enfants légèrement handicapés ; ainsi que de parents, de membres de la communauté et d’autres acteurs clés sensibilisés à la situation des enfants handicapés.  

Dernière modification:

dim 21/06/2020 - 23:13

Thèmes