INCLUSION

1. Définitions

2. Organisation scolaire

3. Lois, plans, politiques et programmes

4. Gouvernance

5. Milieu d’apprentissage

6. Enseignants et personnel de soutien

7. Suivi des données

 

  1. Définitions

Éducation inclusive

Le ministère de l’Education nationale a adopté un document d’orientation de l’éducation inclusive pour l’enseignement élémentaire. L’expression « éducation inclusive » apparaît aussi dans tous les documents stratégiques du ministère de l’Éducation. Dans le document « Examen national 2015 de l’Éducation pour tous », le ministère de l’Education nationale soutient que l’éducation inclusive doit se matérialiser par une adaptation de l’offre éducative à la demande. Le concept est aussi au cœur du Projet test d’éducation inclusive en faveur des enfants déficients visuels dans lequel le ministère de l’Éducation et l’ONG Sightsavers affirment que l’esprit de l’inclusion est de rendre l’école apte à recevoir l’enfant dans ses attributs particuliers. Cette vision est partagée dans par les concepteurs du projet « Renforcement de l’appui à la protection de l’enfant dans l’éducation RAP ». Le RAP géré par le ministère de l'Éducation nationale, l'UNICEF et Plan international met en œuvre des modules de formation sur l'éducation inclusive, l’équité de genre et la protection de l’enfant dans huit régions du pays. Le projet est entièrement financé par le gouvernement du Canada.

La loi d'orientation de l'Éducation nationale 91-22 du 30 janvier 1991 stipule que l’éducation nationale doit adapter ses contenus, objectifs et méthodes aux besoins spécifiques des apprenants, en fonction des âges, des étapes de l’enseignement et des filières. L’éducation spéciale qui prend en charge les personnes ayant différents handicaps ou inadaptations, vise à réaliser leur intégration ou réinsertion scolaires et sociales.

 

  1. Organisation scolaire

L’éducation spécialisée, partie intégrante du système éducatif, assure la prise en charge médicale, psychologique et pédagogique des enfants présentant un handicap de nature à entraver le déroulement normal de leur scolarité ou de leur formation dans des structures classiques. Elle vise à dispenser aux jeunes handicapés une éducation adaptée à leurs besoins et à leurs possibilités, soit par l’intégration dans les structures scolaires ou de formation communes, soit par une préparation spéciale adaptée aux activités professionnelles qui leur sont accessibles. L’INEFJA, un établissement qui n’accepte que les enfants déficients visuels, est un exemple d’école spécialisée. Au Sénégal, il existe quatre grands centres publics d’éducation spéciale : INEFJA, le Centre verbo-tonal (CVT), le Centre Talibou Dabo et le CEFDI.

Le Rapport initial du Sénégal en application de l’article 35 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées stipule que l’aide qui est fournie aux apprenants ayant des handicaps doit être gratuite chaque fois qu’il est possible, compte tenu des ressources financières souvent limitées des parents et tuteurs. Lorsque la gravité du handicap empêche l’intéressé de fréquenter avantageusement un établissement d’enseignement classique, celui-ci est orienté vers un établissement spécialisé par la Commission technique départementale d’éducation spéciale. 

 

  1. Lois, plans, politiques et programmes

Handicap

La loi no 91-22 d'orientation de l'Éducation nationale du 30 janvier 1991 et énonce les principes généraux de l’éducation nationale (démocratie et droit de recevoir une formation correspondant à ses aptitudes, sans discrimination de sexe, d’origine sociale, de race, d’ethnie, de religion ou de nationalité). La loi d’orientation sociale 2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées garantit « aux enfants et adolescents handicapés le droit à une éducation gratuite en milieu ordinaire autant que possible dans des établissements proches de leur domicile ».

Le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et la transparence Éducation-Formation (PAQUET-EF), cadre d’opérationnalisation de la politique éducative pour la période 2018-2030, envisage d'offrir des opportunités d’apprentissage adaptées aux besoins spécifiques des personnes en situation de handicap par la conformité des établissements et la formation des enseignants en pédagogie inclusive. D’autres programmes ont aussi été implantés, dont le Projet test d’éducation inclusive en faveur des enfants déficients visuels, le projet « Renforcement de l’appui à la protection des enfants dans l’éducation » qui développe des modules de formation en éducation inclusive dans huit régions ainsi que le Programme national de réadaptation à base communautaire (2017-2021).

Les enfants qui fréquentent les écoles spécialisées rencontrent des difficultés dans la poursuite des études supérieures. Même si les universités ont prévu des dispositions sociales particulières, il n’existe aucun système formel de transition pour aider les apprenants de ces écoles à accéder aux instituts d'enseignement supérieur traditionnels, après l’obtention de leur diplôme.

Le projet Educate a Child (2016-2019) cible enfin les enfants vulnérables hors école, principalement les filles et garçons handicapés. Il vise à accroître l’accès et le maintien des enfants handicapés à l’école, à renforcer la qualité de l’éducation et l’inclusivité de l’environnement scolaire et à faire évoluer les politiques par un plaidoyer pour l’éducation inclusive.

Genre

Des progrès ont été notés dans la réduction des inégalités de genre entre 2016 et 2017. En effet, l’indice de parité au primaire (TBS fille/TBS garçon) est passé de 0,96 à 1,01. Toutefois, cet indice est en faveur des garçons plus on monte dans les niveaux d’éducation supérieurs. Le programme PAQUET-EF (2018-2030) vise à réduire ces disparités par le renforcement des cellules genre dans les ministères, le renforcement du leadership des femmes en particulier les enseignantes et par la mise en place de mesure incitatives en faveur de l’accès et de la réussite des filles à l’école. La lettre circulaire 004379 du 11 octobre 2007 autorise les filles enceintes à poursuivre leurs études après leur accouchement.

Groupes ethniques et linguistiques

La politique linguistique est axée à la fois sur le français et sur les langues nationales, or ces langues ne reçoivent pas le même statut. À ce sujet, l'école sénégalaise compte trois étapes : l'alphabétisation dans la langue maternelle, l'enseignement du wolof et l'enseignement du français. "L’enseignement du français débute à l’âge de six ou sept ans pour les écoles publiques laïques et à l’âge de trois ans pour les écoles privées confessionnelles catholiques et protestantes. Le français est la langue d’enseignement pour toute la durée des études". 

L'introduction des langues nationales dans l'école fondamentale de base fait partie du programme PAQUET-EF (2018-2030) . Une véritable volonté pour l’introduction des langues nationales dans le système formel s’est manifestée dans le cadre du Programme décennal de l’éducation et de la formation (PDEF).

Zones rurales

Le PAQUET-EF (2018-2030) vise à réduire les disparités entre les zones rurales et urbaines. Il vise l’accès inclusif aux structures de la petite enfance, surtout en milieu rural et périurbain.

Pauvreté

Le gouvernement aspire à développer une politique d’aide des élèves issus des familles démunies par l’octroi de bourses scolaires et universitaires [ainsi] […] qu’un programme de cantines pour les écoles rurales. Le PAQUET-EF (2018-2030)  cible les enfants les plus vulnérables et les plus défavorisés en renforçant leur protection sociale et en mettant en place des programmes de nutrition et d’uniformes scolaires notamment dans les zones caractérisées par la pauvreté et par l'insécurité alimentaire chronique. Des initiatives clés identifiées dans le Rapport national d’évaluation de l’éducation pour tous (2015) ont été implantées en ce sens, dont la gratuité de l’éducation au primaire, la politique de gratuité des manuels scolaires, la politique de généralisation des cantines scolaires, la politique de soutien avec des bourses octroyées surtout aux filles issues de familles défavorisées, etc. Il est toutefois difficile d’évaluer les retombées de ces pratiques, programmes et politiques.

Des programmes d’alphabétisation et d’éducation de base non formelle sont aussi présents dans le pays. Les écoles communautaires de base ciblent les enfants et adultes n’ayant jamais été à l’école et ceux qui l’ont quitté très tôt.

 

  1. Gouvernance

Les principaux acteurs qui travaillent à implanter et développer une éducation inclusive sont :

- le ministère de l'Éducation nationale à travers la Direction de l’enseignement élémentaire
- le projet RAP et le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance à travers l’Agence nationale de la petite enfance et de la case des tout-petits (ANPECTP)
- la Direction des droits, de la protection de l’enfant et des groupes vulnérables (DDPEGV).

Il y a quelques liens entre les différences instances qui collaborent pour assurer une éducation inclusive aux groupes plus vulnérables. Par exemple, la « carte d’égalité des chances » est émise par le ministère de la Santé et de l'Action sociale. Cette carte permet aux élèves en situation de handicap de bénéficier d’une réduction des frais de scolarité et de bourses d’études. 

Le ministère de l'Éducation nationale appuie également des centres publics d’éducation spécialisée pour les handicaps auditifs, visuels, moteurs et intellectuels (CVT, INEFJA, Centre Talibou DABO et CEFDI). Parallèlement, d’autres organisations offrent des services aux enfants en situation de handicap (service de pédopsychiatrie Keur Khaleyi de Fann, École EPHPHATA de formation des enfants sourds, CORIPH, Centre Aminata MBAYE pour enfants déficients intellectuels, Centre ESTEL et Centre l’Abri de Ouakam) et des ONG). Toutefois, il n’y a pas encore de partage administratif et social de coordination arrêté de ces mesures d’inclusion pour l’ensemble des groupes ciblés.

Enfin, il faut noter la création de divers espaces de dialogue pour harmoniser et partager des expériences sur la prise en compte des enfants en situation de handicap. Le ministère de l'Éducation nationale a mis en place un cadre de concertation autour de la direction de l’enseignement élémentaire, mais aussi une cellule de coordination des initiatives en équité de genre, éducation inclusive et protection dans l’éducation. S’agissant du niveau gouvernemental, la création d’une plateforme de coordination du secteur de la protection sociale est pilotée par la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale.

 

  1. Milieux d’apprentissage

Les commissions techniques départementales de l’éducation spéciale doivent gérer les questions d’éducation inclusive. Elles désignent les établissements ou les services correspondant aux besoins des élèves (art. 17 LOS). Placées sous l’autorité du préfet de département, ces commissions ne sont cependant pas encore fonctionnelles pour la plupart d'entre elles.

Par ailleurs, le PAQUET-EF (2018-2030)  permis d'instaurer des normes et des standards de qualité afin d'aménager des salles de classe qui prennent en compte les besoins des enfants ayant des handicaps ainsi que des blocs d’hygiène fonctionnels dans les centres spécialisés et les écoles classiques.

 

  1. Enseignants et personnel de soutien

La formation initiale des enseignants est sous la responsabilité de la Direction de la formation et de la communication et de la Direction des ressources humaines. Le référentiel utilisé a intégré des dimensions généralistes sur les théories d’éducation inclusive. Parallèlement, les directions d’enseignement et différents projets menés par des partenaires renforcent les capacités des enseignants et du personnel de soutien sur la thématique de l’éducation inclusive.

 

  1. Suivi des données

Le Programme national de réadaptation à base communautaire a mis en place une base de données technique sur le handicap. Toutefois, dans la pratique, on observe une faible disponibilité de données plus désagrégées sur la nature des handicaps des enfants. Dans ce contexte, le Système d'information de gestion de l'éducation (SIGE) du ministère de l'Éducation améliore depuis 2013 ses outils de collecte pour l’intégration des données administratives liées au calcul d’indicateurs quant à l'éducation inclusive. Ce dispositif permet d’assurer un meilleur suivi des résultats à travers un cadre de mesure de rendement. Ce dispositif permet aussi d'enregistrer des indicateurs de suivi de la politique d’éducation inclusive tels que le pourcentage d’apprenants vivant avec un handicap.

Dernière modification:

ven 09/12/2022 - 00:56

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