Technologie

1. Terminologie

2. Lois, politiques, plans et régulations en matière de technologie en éducation

2.1. Cadre législatif et politique en matière de technologies en éducation

2.2. Infrastructures technologiques, capacité technologique des écoles et environnements d'apprentissage

2.3. Compétences technologiques des apprenants et des enseignants

2.4. Cybersécurité et sécurité

3. Governance

3.1. Institutions en charge de la technologie dans l'éducation et mécanismes de coopération

3.2. Rôles des écoles

 

1. Terminologie

La Loi n° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique définit les technologies de l'information et de la communication (TIC) comme « toutes techniques utilisées dons le traitement el la transmission des informations, principalement I'informatique, I'Internet et les communications électroniques. Elles désignent aussi le secteur d'activité économique de technologies de I’information et de la communication ». La Déclaration du gouvernement du 13 février 2003 pour l’adoption d’une politique et de stratégies des TIC au Bénin (2003) ajoute que les TIC peuvent être définies comme « un ensemble d’outils utilisés pour produire, traiter et échanger de l’information à temps presque réel. […] Les TIC constituent, sans équivoque, un passage obligé pour le développement humain durable et un vecteur d’intégration des communautés ».   

La Loi n° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique réfère également aux « TICE », soit les technologies de l’information et de la communication pour l’éducation.

Enfin, le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 – tome 2 (2018-2030) poursuit l’objectif de développer les « technologies éducatives » dans l’enseignement supérieur et la formation à distance. Le Plan précédent couvrant la période 2013-2015 précisait que les technologies éducatives incluaient notamment la formation ouverte et à distance et le développement du e-learning.

 

2. Lois, politiques, plans et régulations en matière de technologie en éducation
 

2.1. Cadre législatif et politique en matière de technologies en éducation

Constitution et lois : La Constitution de la République du Bénin promulguée par la loi n° 90- 32 du 11 décembre 1990 prescrit à l’État l’obligation d’assurer un égal accès des citoyens à l’information et l’obligation d’éducation. L’article 10 de la Loi n° 2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l'éducation stipule que l'école doit  s'appuyer sur la recherche technologique, « garantie du développement économique, social et culturel ». En outre, la Loi n° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique a pour objet de régir les activités qui relèvent des réseaux et services de communications électroniques ; les outils électroniques ; les services de confiance en l’économie numérique ; le commerce électronique ; la protection des données à caractère personnel ; et la cybercriminalité et la cybersécurité.

Politiques : La Vision Bénin 2025 Alafia (2000) soutient l’acquisition d’équipements technologiques, la formation continue, la vulgarisation des NTIC et le développement de la téléformation. La Lettre de politique du secteur de l’éducation de 2004 visait l’amélioration et le renforcement des outils pédagogiques (laboratoires, bibliothèques, réseaux électroniques, NTIC, etc.). En parallèle, la Déclaration de politique sectorielle – Orientations stratégiques 2021 dans le secteur de l’économie numérique vise à généraliser l’usage du numérique par l’éducation et la formation. Dans le Programme d’Action du Gouvernement 2016-2021, le pilier 1 est consacré à la consolidation de la démocratie, à l’État de droit et à la bonne gouvernance. Ce pilier envisage “l’enracinement des usages numériques au sein des entreprises, de l’administration publique et du secteur de l’éducation.”

Plans : Le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 (2018-2030) aspire à ce que le pilotage et la gestion holistique du secteur de l’éducation soit « numérisée et renforcée » avec l'implication de toutes les parties prenantes (partenaires sociaux, collectivités, secteur privé, partenaires techniques et financiers). Il vise également à introduire les technologies éducatives dans tous les établissements d’enseignement supérieur du Bénin. Il prévoit aussi des expériences pilotes menées entre 2018 et 2021 pour l’introduction des TIC dans les établissements du primaire et du secondaire (général et technique). Le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 – tome 2 (2018-2030) vise quant à lui à « créer un environnement favorable au développement technologique à travers un enseignement et une formation techniques et professionnels performants ». Le Plan national de développement (PND) 2018-2025 vise enfin à assurer l’accès à une éducation inclusive et de qualité pour tous y compris les personnes à besoins spécifiques, notamment via l’exploitation des TIC. Enfin, le Plan TIC- Bénin (2006) résumait quant à lui les mesures à prendre pour développer le secteur des TIC au Bénin dans le cadre d’une vision et d’une stratégie nationales.

Programmes : Enfin, le pilier 1 du Programme d’action du gouvernement (PAG) 2016-2021 envisage « l’enracinement des usages numériques au sein des entreprises, de l’administration publique et du secteur de l’éducation ». Le Programme de croissance pour le développement durable (PC2D) 2018-2025 identifie comme action à mener l’introduction des TIC dans les approches pédagogiques d’enseignement et de gestion de l’éducation.

Cadres de compétences numériques : La Politique nationale enseignante (PNE) est toujours en cours d’élaboration. Le gouvernement du Bénin semble recourir à l’International Computer Driving Licence (ICDL) Africa pour l’évaluation des compétences numériques des employés du secteur public.

Changements consécutifs à la COVID-19 : Des changements ont été constatés dans les décrets et les politiques éducatives au cours de la pandémie de COVID-19 pour garantir l'apprentissage et l'enseignement en ligne et les préoccupations en matière de confidentialité et de sécurité des données. Par exemple, l’article 8 du Décret 2021-569 du 3 novembre 2021 portant attributions, organisation et fonctionnement du ministère des Enseignements secondaire, technique et de la Formation professionnelle vise à assurer l’introduction des TIC dans le dispositif d’alphabétisation et d’éducation. Dans le même esprit, l’article 3 du Décret 2021-489 du 29 septembre 2021 et du Décret 2020-342 du 8 juillet 2020 stipulent que le Ministère de I'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est responsable d’assurer dans l'enseignement supérieur la promotion des TIC dans dans l'apprentissage et la formation et l’évaluation en ligne, en collaboration avec le ministère en charge du numérique. L’article 6 précise qu’il doit aussi étudier les conditions et modalités du télé-enseignement en collaboration avec le ministère en charge du numérique et d'en assurer la mise en oeuvre progressive. En outre, le Décret 2020-485 du 7 octobre 2020 porte sur les attributions, l’organisation et le fonctionnement de l'Organe de contrôle des prestataires de services de confiance numérique en République du Bénin. Il stipule notamment que cet Organe a le mandat d’informer le public de toutes atteintes à la sécurité ou de pertes d'intégrité en ligne. Cet Organe doit aussi procéder à des audits et des évaluations de conformité des prestataires de services de confiance qualifiés.

L’application de la Loi 2018-34 votée en 2018 portant exercice du droit de grève au Bénin a également limité les mouvements de grèves répétées dans le secteur de l’éducation, ce qui a permis de limiter les impacts négatifs des grèves sur la population vulnérable et la poursuite de l’enseignement et de l’apprentissage durant la pandémie.

2.2. Infrastructures technologiques, capacité technologique des écoles et environnements d'apprentissage


2.2.1. Infrastructures technologiques et capacité technologique des écoles

Électricité : L’Assemblée nationale a adopté la Loi n° 2020-05 en avril 2020 régissant le secteur de l’électricité et mettant fin au monopole de la compagnie électrique nationale en termes de production, de transport, de distribution et de commercialisation de l’énergie électrique. L’article 3 vise à garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant un droit d'accès de tous les ménages à l'énergie électrique à un coût abordable. En outre, le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 (2018-2030) vise à prendre des dispositions pour assurer la qualité et la disponibilité de l’énergie électrique. Le projet pour étendre et densifier le réseau de distribution de la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) qui a débuté en 2019 vise à augmenter le taux d’accès à l’électricité dans 15 communes du Bénin et à réduire les disparités d’accès entre zones urbaines et rurales.

Ordinateurs et appareils : La Déclaration de politique sectorielle – Orientations stratégiques 2021 dans le secteur de l’économie numérique vise la mise à disposition de salles multimédias dans les écoles. La Déclaration du Gouvernement du 13 février 2003 pour l’adoption d’une politique et de stratégies des TIC au Bénin (2003) vise également à assurer l’équipement de tous les établissements scolaires et universitaires de matériels de TIC. De plus, la Stratégie nationale de l’enseignement et de la formation technique et professionnelle (EFTP) vise à installer des salles multimédias connectées à Internet et autonomes en énergie électrique dans tous les établissements d'ETFP.

Digitalisation (MND) élabore une politique d’accès et de service universel qui vise à encourager l’accès public à Internet et aux services de large bande dans les écoles, les bibliothèques et autres centres communautaires. En parallèle, la Déclaration de politique sectorielle – Orientations stratégiques 2021 dans le secteur de l’économie numérique avait comme objectif que 100 % des établissements primaires, secondaires et supérieurs soient connectés à Internet en haut débit ou très haut débit. Le Plan TIC- Bénin (2006) réfère également au projet « Écoles numériques » promu par le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), qui avait pour objectif à terme : « une école, une connexion Internet ». Le Plan TIC- Bénin (2006) vise également à réviser à la baisse les tarifs de connexion Internet et de téléphonie mobile pour les personnes les plus pauvres. De même, le Plan cadre des Nations unies pour l’assistance au développement - UNDAF 2014-2018 visait à assurer aux populations pauvres et aux groupes vulnérables des capacités techniques et technologiques accrues et appropriées pour assurer leur accès aux marchés.

La loi n° 2017-20 portant code du numérique est basé sur le principe d’accès et de service universel (article 1), en ce sens que le public sur l'ensemble du territoire national a le droit à une offre minimale de services de communications électroniques à un prix abordable et ce, dans le respect des principes d'égalité, de continuité et d’universalité.

L’Agence béninoise du service universel des communications électroniques et de la poste (Absu-Cep) a réalisé de nombreuses actions telles que l’installation des « points numériques communautaires » déployés dans 40 communes du Bénin. Des structures publiques offrent également un accès Internet aux personnes qui n’ont pas les moyens de s’offrir un accès personnel. Par exemple, Bénin Télécom propose des points de connexion wifi dans des lieux publics (Ganhi, stade Général Mathieu Kérékou, Palais des Congrès, Université d’Abomey-Calavi et Université de Parakou) dans un rayon de 500 mètres et des points numériques communautaires (PNC) offrent également des wifi gratuits aux populations locales dans les 40 communes bénéficiaires (au niveau des espaces publics tels que les centres de jeunes, bibliothèques communales, etc.).

2.2.2. Technologie et environnements d’apprentissage

Le Projet de riposte à la COVID-19 dans le secteur de l’éducation au Bénin déposé par le ministère des Enseignements maternel et primaire en mai 2020 préconise notamment l’usage de matériel audiovisuel (par exemple, l’utilisation de la technologie mobile comme les appels téléphoniques, les SMS, la radio, les vidéos, la télévision, le Web, etc.) afin de tenir compte du besoin de distanciation sociale. Il cible les groupes vulnérables ou défavorisés qui peuvent inclure, entre autres, les jeunes filles, les élèves souffrant d’un handicap et les élèves vivant dans des zones reculées ou inaccessibles. À cet égard, il aspire par exemple à travailler avec des organisations soutenant les personnes handicapées pour développer des stratégies de messagerie et de communication pour les atteindre. De plus, il vise à fournir des informations aux élèves et enseignants souffrant d’un handicap dans des formats accessibles et offrir plusieurs formes de communication, comme le sous-titrage de texte ou des vidéos signées, le sous-titrage de texte pour les malentendants et des documents en ligne pour les personnes qui utilisent la technologie d'assistance. De plus, pour soutenir les filles, notamment celles dont les parents sont pauvres ou qui vivent dans des zones rurales reculées, le Projet veille à ce que les équipes de mobilisation communautaire encouragent les filles et les élèves des zones reculées à accéder à l'apprentissage à distance et à la formation à distance pour les enseignants. Le Projet se réfère principalement à la santé et à la sécurité des élèves, mais pas de façon spécifique à leur cybersécurité.

2.3. Compétences technologiques des apprenants et des enseignants


2.3.1. Apprenants

La Déclaration du Gouvernement du 13 février 2003 visait l’adaptation des programmes et méthodes d’enseignement pour introduire les TIC. Au niveau primaire, le programme de formation inclut six champs, dont l’éducation scientifique et technologique. Au niveau secondaire, le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 (2018-2030) vise à développer un enseignement moderne à travers l’introduction des TIC comme approche pédagogique d'enseignement/apprentissage. Des initiatives parallèles existent également, tel le programme Keoubougou Pi, qui se déroule après l’école vise à développer chez les jeunes le sens de la littérature numérique. Il repose sur un ensemble de six normes, à savoir : la créativité et l’innovation ; la communication et la collaboration ; l’aisance en recherche et information ; la pensée critique, la résolution de problèmes et la prise de décision ; la citoyenneté numérique ; et les concepts et les opérations technologiques. La Stratégie nationale de sécurité numérique de 2020 incite à la création de cursus académiques spécialisés dans la sécurité numérique. Précisions également que le Bénin propose un baccalauréat technologique, donnant l’opportunité de poursuivre les études supérieures.  Au niveau de la formation technique et professionnelle, la Stratégie nationale de l’enseignement et de la formation technique et professionnelle (EFTP) 2019-2025 prévoit mettre à profit les TIC dans le cadre de l’intensification des programmes de formation professionnelle destinés aux jeunes et adultes de 15 ans et plus. À cet égard, « les différentes approches de digitalisation de la formation professionnelle initiale et continue seront capitalisées et déployées dans les secteurs économiques ». De plus, la Stratégie précise que les TIC devront faire partie intégrante de tout curriculum de formation à l’EFTP au titre de compétences obligatoires. Enfin, au niveau supérieur, l’Institut CERCO forme notamment des techniciens supérieurs et des ingénieurs de conception. L’Institut de formation et de recherche en informatique (IFRI) offre également une formation en informatique et en TIC.

Les compétences numériques attendues des élèves sont diverses. Le ministère de la Communication et de la Promotion des Technologies nouvelles (2008) stipule que « l’école doit donner à l’élève les compétences et les savoirs qui lui permettent de rechercher les informations dont il a besoin, de vérifier les sources, de différencier les niveaux de langue, de les sélectionner et de les exploiter (pp. 87-88). Une étude menée par Tasso et Kouaro (2018) affirme également que l’enseignement de l’informatique dans les lycées et collèges du Bénin permet aux élèves d’acquérir des compétences en matière de « production de documents ; de gestion des fichiers ; de développement d’idées créatives ; d’utilisation de la messagerie électronique, de tableur et de système de bases de données ; de recherche d’informations sur Internet ».

Le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 (2018-2030) soutient que l’accès et le maintien des filles dans l’enseignement supérieur, et particulièrement en sciences et en technologies, est insuffisant ; à cet égard, il vise à instaurer des mesures incitatives d’accès, notamment sous forme de bourses. Le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 – tome 2 (2018-2030) entend également faire un plaidoyer à l’endroit des responsables des radio-communautaires pour que celles-ci sensibilisent les populations en faveur de l’accès et du maintien des filles dans les filières technologiques. Le pays vise également à renforcer l'utilisation des technologies clés, en particulier de l'informatique et des communications, pour favoriser l'autonomisation des femmes. Il assure le suivi de la proportion de la population possédant un téléphone portable, par sexe.  Enfin, il a été créé par le Décret n° 2009-728 le 31 décembre 2009 un institut national pour la promotion de la femme qui vise notamment à assurer le renforcement des capacités des filles et des femmes par des formations théoriques, techniques et pratiques, notamment sur les technologies.

Le gouvernement du Bénin et le ministère du Numérique et de la Digitalisation ont procédé en octobre 2021 au lancement officiel de la première cohorte du programme LeARN (Levier d'Apprentissage pour la Reconversion dans le Numérique). Chaque année, LeARN, soutenu par le Fonds d'Appui à l'Entrepreneuriat Numérique (FAEN), offre l'opportunité à des Béninois âgés de 18 à 35 ans de suivre gratuitement une formation certifiante aux nouveaux métiers du numérique. En 2021, 50 jeunes ont été recrutés sur toute l'étendue du territoire national dont 32% de femmes. Pendant six mois, ils ont reçu une formation intensive dans le domaine du code informatique.

2.3.2. Enseignants

La Politique nationale enseignante (PNE) est toujours en cours d’élaboration.

Toutefois, le ministère de la Communication, de la Promotion des Technologies nouvelles (2008) soutient que les savoirs en technologie des élèves « doivent prendre corps dans le cadre d’un enseignement modulaire confié aux équipes d’enseignants. C’est pourquoi il urge que tous les ordres d’enseignement puissent s’approprier les TIC pour améliorer leur système éducatif ou de formation professionnelle. Du primaire au supérieur, les TIC doivent être vues comme un passage obligé pour l’accès au savoir et à la connaissance » (pp. 87-88).

L’article 66 de la Loi n° 2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l'éducation précise qu’il est organisé chaque année, à l'intention des personnels enseignants et d'encadrement, et selon le cas, des programmes de formation obligatoire de perfectionnement ou de recyclage destinés à améliorer leurs prestations pédagogiques, techniques et professionnelles. De plus, l’article 7 du Décret 2021-569 du 3 novembre 2021 portant attributions, organisation et fonctionnement du ministère des Enseignements secondaire, technique et de la Formation professionnelle vise à planifier et organiser, « avec l'usage des moyens numériques, une formation de qualité du personnel de I’enseignement secondaire général en relation avec les structures compétentes ».

À cet égard, la Déclaration du Gouvernement du 13 février 2003 visait le renforcement des capacités humaines en TIC au niveau national, par l’organisation de séminaires de sensibilisation et de formation en TIC dans toutes les institutions de l’État. Elle visait aussi à assurer la formation des formateurs alphabétiseurs et des enseignants aux TIC. Le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 (2018-2030) vise également la promotion de l’utilisation du numérique dans la formation des enseignants pour toucher le plus grand nombre. Le Plan sectoriel de l’éducation post 2015 – tome 2 (2018-2030) précise à cet égard que les enseignants bénéficient de formation suivant leurs besoins spécifiques, notamment des « immersions technologiques ».

Du point de vue pratique, les écoles normales d’instituteurs (ENI) assurent la formation des enseignants de la maternelle et du primaire et les écoles normales supérieures (ENS) forment les enseignants du secondaire. La formation continue des enseignants est assurée par la Direction de l’enseignement maternel (DEM), la Direction de l’enseignement primaire (DEP) et la Direction des examens et concours des enseignements maternel et primaire (DECEMP), avec l’appui de l’Institut national de formation et de recherche en éducation (INFRE).

Une étude menée par Attenoukon et collab. (2018) stipule que les TIC occupent une « place marginale » dans la formation des enseignants du secondaire. Elle affirme que les trois Écoles normales supérieures du Bénin forment les futurs enseignants en TIC, bien que l’importance accordée unités d’enseignant en rapport avec les TIC ne soit pas la même.

2.4. Cybersécurité et sécurité


2.4.1. Confidentialité des données

Le chapitre IV de la Loi n° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique porte sur les infractions liées à l’utilisation des données à caractère personnel, dont l’envoi de messages non sollicités (art. 514) et la tromperie (art. 515). Le Document de politique et de stratégie du secteur de télécommunications, des TIC et de la poste (2008) met également « un accent particulier sur la sécurité des réseaux et des données ». L’Autorité de protection des données personnelles (APDP) du Bénin veille à ce que l’informatique soit au service du citoyen «et qu’elle ne porte atteinte à l’identité humaine, aux droits de l’Homme, à la vie privée, aux libertés individuelles ou publiques ». Le Bénin est membre de l’Association francophone des autorités de protection des données personnelles (AFAPDP).

2.4.2. Abus en ligne et cyberintimidation

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966 stipule en son article 17 que nul ne sera l’objet « d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation », ce qui est soutenu dans la Loi n° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique. Le chapitre V de cette loi porte sur les atteintes aux personnes et aux biens, notamment à la protection des mineurs (section I). Il énonce en son article 550 que « quiconque initie une communication électronique qui contraint, intimide, harcèle ou provoque une détresse émotionnelle chez une personne, en utilisant un système informatique dans le but d’encourager un comportement grave, répété et hostile est puni d’une peine d’emprisonnement de un mois à deux ans et d’une amende de 500 000 francs CFA (865 dollars des États-Unis) à 10 000 000 de francs CFA (17 300 dollars des États-Unis), ou de l’une de ces deux peines seulement. » L’article 574 porte également sur l’atteinte à la vie privée commise sur Internet, ce qui peut faire l’objet de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende. La Fondation Autre d'Afrique basée au Bénin vise à prévenir le cyberharcèlement dans les établissements.

En parallèle, le livre sixième de la Loi n° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique concerne la cybercriminalité et la cybersécurité. Par exemple, l’article 521 stipule que quiconque favorisera la corruption d’un mineur au moyen d’un réseau de communication électronique ou un système informatique sera puni de 12 ans d’emprisonnement et de 35 millions de francs CFA (61 000 dollars des États-Unis) d’amende lorsque les faits sont commis dans les établissements d’enseignement. Dans le cadre de sa lutte contre la criminalité sur Internet, le Bénin a mis en place l’Office central de répression de la cybercriminalité (OCRC) et s’est impliqué dans la lutte de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. D’autres institutions interviennent pour assurer une cybersécurité, dont l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP). Le Bénin a également publié la Stratégie nationale de sécurité numérique en 2020 qui vise notamment à former des magistrats spécialisés en cybercriminalité et en nouvelles technologies. Précisions que le pays n’a pas signé la Convention de Budapest sur la cybercriminalité.

 

3. Governance
 

3.1. Institutions en charge de la technologie dans l'éducation et mécanismes de coopération

Trois ministères sont en charge de l'éducation: le Ministère des Enseignements maternel et primaire (MEMP) ; le Ministère des Enseignements secondaire, technique et de la Formation professionnelle (MESTFP) ; et Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS). Ils ont tous comme attribution l’intégration et le développement des technologies dans l’éducation. En matière de promotion des TIC dans l’enseignement supérieur, la politique du MESRS agit sur les contraintes politiques et institutionnelles ; l’accès aux infrastructures technologiques de base et leur qualité ; et la disponibilité des ressources humaines qualifiées pour prendre en charge l’animation, la gestion et la maintenance du réseau. Le MESRS a sous tutelle le Fonds national de la recherche scientifique et de l’innovation technologique (FNRSIT), créé par le Décret n° 2012-140 du 7 juin 2012. Sa mission consiste à « assurer le financement du système national de recherche scientifique et d’innovation technologique, afin de faire de la recherche un véritable levier de développement du Bénin. » De plus, l’Arrêté 2016-840 précise que la Direction de l'Informatique et du Pré-archivage (DIP) du MESRS garantit la sécurisation des documents administratifs, assure la fluidité et l'accessibilité de l'information et veille à l'utilisation rationnelle et à la maintenance du système informatique du Ministère. Elle assure aussi la formation des cadres des différentes structures du Ministère dans le domaine des TIC et définit, en collaboration avec la Direction de l'administration des finances (DAF) les plans d'acquisition des équipements informatiques.

En parallèle, le Ministère du Numérique et de la Digitalisation (MND) vise notamment à coordonner l'utilisation des moyens de télécommunications et des TIC par les services de l'État et soutient tous les secteurs et ministères pour faciliter leur « accès à l'information à travers le développement des nouvelles technologies et les pratiques professionnelles à distance, notamment pour […] l'éducation ». À cet égard, la Déclaration de politique sectorielle – Orientations stratégiques 2021 dans le secteur de l’économie numérique visait une « refonte de la gouvernance afin de clarifier le rôle et les responsabilités des acteurs pour l’ensemble de l’économie numérique et à l’échelle de chaque secteur ». Ainsi, la stratégie numérique, d’abord sous la responsabilité du MND, doit ensuite être mise en œuvre dans chacun des secteurs concernés, incluant celui de l’éducation. Le Décret 2018-531 du 14 novembre 2018 porte sur l’organisation des instances de gouvernance des programmes et projets numériques. L’article 2 précise que le cadre de gouvernance des programmes et projets numériques du Gouvernement comprend : la Conférence des directeurs des systèmes d'information ; une commission ministérielle des systèmes d’information et de la connectivité au sein de chaque ministère ; les comités de pilotage ; les comités techniques. Il soutient que I’Agence des services et systèmes d’information et l’Agence pour Ie développement du numérique, tous deux sous la supervision technique du MND, assurent la mise en œuvre et le suivi des programmes et projets numériques « excédant Ie cadre des besoins et des activités d'un département ministériel ».

La gouvernance du secteur des technologies a aussi fait l’objet de réformes réglementaires en 2014, entraînant notamment la création de l’Agence béninoise des technologies de l’information et de la communication (ABETIC), devenue Agence des Services et Systèmes d'Information. L’Office central de répression de la cybercriminalité est une structure de lutte contre les infractions cybernétiques. Elle est placée sous la tutelle du ministère en charge de la sécurité publique. L’Agence béninoise de valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation technologique (ABEVRIT) a aussi pour mission « la mise en œuvre, en collaboration avec les structures publiques et privées concernées, la stratégie nationale de développement technologique et industriel, notamment par l’exploitation des résultats de la recherche ». Cet établissement public à caractère scientifique et technologique comprend une Direction de la formation, de la promotion des innovations et du transfert de technologies.

Enfin, le Document de politique et de stratégie du secteur de télécommunications, des TIC et de la poste (2008) encourage les associations professionnelles de la société civile dans l’organisation de séminaires et d’événements d’éducation à travers le pays. À cet égard, l’implication des associations à la gouvernance de l’Internet est effective. Par exemple, Internet Society Benin et le Forum pour la gouvernance de l’Internet - Bénin travaillent activement pour un Internet accessible et ouvert dans le pays.

3.2. Rôles des écoles

Le Document de politique et de stratégie du secteur de télécommunications, des TIC et de la poste (2008) stipule que les établissements du secteur public sont responsables de s’équiper, d’élaborer leur propre réseau informatique (intranet) et de s’occuper de ses connexions Internet, et ce, « sans véritable coordination au niveau central » (p. 10). Le plus souvent, le don d’ordinateurs dans les écoles est le fruit d’une coopération entre l’établissement et une organisation publique, privée ou associative. La plupart des écoles du Bénin interdisent les téléphones intelligents.

Dernière modification:

jeu 18/05/2023 - 09:57

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