INCLUSION
3. Lois, plans, politiques et programmes
6. Enseignants et personnel de soutien
Éducation inclusive
Le pays a souscrit à l’Agenda 2030, mais n’a pas adopté de définition arrêtée de l’éducation inclusive, même si le terme est utilisé dans la Stratégie nationale de croissance accélérée et de prospérité partagée (SCAPP) 2016-2030. L’État affirme que « l’accueil des enfants à besoins particuliers se fera autant que possible, dans le cadre des structures scolaires ordinaires, avec les modalités appropriées d’éducation inclusive. Une attention particulière sera portée aux besoins de scolarisation des enfants présentant des déficiences mentales » (SCAPP, 2016, p. 51). Le concept de besoins éducatifs spécialisés est surtout lié à celui de handicap.
Le Plan d’action triennal du secteur de l’éducation 2016-2018 note que « la mise en œuvre du principe d’une éducation inclusive nécessite souvent une adaptation des infrastructures et des installations existantes ». Le plan d’action prévoit à cet effet l’aménagement de 100 écoles chaque année.
Malgré l’intention précitée du SCAPP, il est prévu que « les enfants qui, en raison de la nature de leur handicap, ne peuvent pas être scolarisés dans les écoles ordinaires, continueront d’être accueillis par le centre de formation des enfants en situation de handicap CFPSESH, dont la capacité sera accrue et les moyens sensiblement renforcés. Le plan d’action portera une attention particulière aux besoins de scolarisation des enfants présentant des déficiences mentales et un centre d’éducation des enfants autistes sera créé » (p. 5).
Quelques actions en matière d’éducation spécialisée sont surtout réalisées, dont la fondation du Centre de formation et de promotion sociale des enfants en situation de handicap et la création d’un complexe éducatif de déficients intellectuels à Sebkha, d’écoles et d’une maison des sourds à Kaédi, Nouakchott et Sebkha et d’un centre d’alphabétisation et de formation des jeunes aveugles à El Mina. Des jardins d’enfants spécialisés existent aussi pour les enfants handicapés. Un centre est aussi sous tutelle du ministère des Affaires sociales de l’Enfance et de la Famille et veille à la scolarisation d’enfants sourds, aveugles, déficients intellectuels, autistes et handicapés moteurs. Deux nouveaux centres spécialisés dans la formation des personnes ayant des besoins spécifiques prenant en compte les différents types d’handicaps seront créés selon le SCAPP 2016-2030.
La Constitution ne consacre pas le droit à l’éducation, mais affirme que tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de condition sociale sont égaux devant la loi. La normative relative à l’enseignement relève du domaine législatif (article 57).
Le Plan sectoriel de l'éducation (PNDSE II) 2011-2020 prévoit la « mise en place d’une offre d’éducation primaire non formelle, inclusive et adaptée, donnant une nouvelle chance aux enfants non scolarisés ou déscolarisés (âgés de 9 à 14 ans) pour intégrer ou réintégrer l’école formelle ». Toutefois, aucune stratégie nationale de l’éducation inclusive (et même spécialisée) ne figure dans ce Plan.
Handicap
La Politique nationale des handicapés reconnaît le droit de ces derniers à l’éducation. Cela étant, l’article 9 de la loi 5-023 du 20 janvier 1975 prévoit toutefois que « les élèves peuvent, au cours de la scolarité, être exclus définitivement, par décision du directeur régional de l'Enseignement fondamental territorialement compétent après avis du Conseil des maîtres, [en raison d’un] état mental ou physique incompatible avec le travail scolaire sur le vu du certificat médical ou de comportement compromettant le bon fonctionnement de l’école». En contre-partie, la loi 054-2001 prévoit des sanctions sous forme d’amendes à l’encontre des personnes responsables d’un enfant qui auraient, sans motif valable, refusé de l’inscrire à l’école primaire (Article 10).
Genre
Le PNDSE II 2011-2020 vise à réduire les disparités liées au genre, notamment au secondaire. Il prévoit la mise en place de mesures visant la promotion de la scolarisation des filles, particulièrement en milieu rural. Le plan d’action en place adresse la problématique avec un ensemble d’actions, dont : le projet Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend (SWEDD) sur financement de la Banque Mondiale, la poursuite d’études pour mieux appréhender les difficultés et ajuster les réponses, des campagnes de sensibilisation, un appui au transport, la distribution de kits scolaires ainsi qu'une aide directe aux familles.
Ethnicité et langues
Le bilinguisme arabe-français constitue une référence commune en éducation. L’enseignement en arabe est dispensé en langue arabe ou en dialecte Hassaniya maure, ce qui handicape les enfants issus de ces communautés. L’enseignement en français ne dispose pas de temps suffisant pour l’apprentissage de la langue. En fait, le statut du français est officiellement supprimé dans la politique actuelle. Cette politique est résumée essentiellement à l’article 6 de la Constitution de 1991. Les dispositions constitutionnelles précisent que les « langues nationales » sont l'arabe, le poular, le soninké et le wolof, et que l’arabe est la langue officielle.
Parmi les principes fondamentaux de l’enseignement supérieur, on trouve la poursuite du développement de l’enseignement en langue arabe dans les différents domaines de formation tout en « permettant au besoin d’être dispensé en langues étrangères, ainsi que la promotion des langues nationales (pular, soninké et wolof) ».
Régions rurales ou éloignées
Le PNDSE II 2011-2020 vise à développer l'accès des groupes défavorisés des zones urbaines et rurales à l'éducation préscolaire publique et communautaire et à réduire les disparités liées aux conditions géographiques et socio-économiques. Pour ce faire, le Plan prévoit le renforcement des capacités d'accueil, notamment en milieu rural, par la construction de collèges de proximité à effectifs raisonnables et la dotation des écoles rurales en points d'eau et en énergie solaire. Aussi, le Plan prévoit l’organisation de visites médicales régulières dans les écoles éloignées des structures de santé publique.
Une télévision scolaire a aussi été lancée. Cette dernier a pour objectif d’assurer la gratuité de l'enseignement dispensé à un grand nombre d'élèves qui ne disposent pas de moyens pour payer les cours de renforcement et de rattrapage.
Les zones prioritaires en éducation visent à renforcer la scolarisation dans les zones en difficulté, comme les adwabas, villages agricoles du sud de la Mauritanie.
Pauvreté
Le PNDSE II 2011-2020 vise à élargir l’accès au préscolaire en particulier en milieu rural et pour les enfants issus des milieux pauvres. Pour ce faire, il compte distribuer des kits de fournitures scolaires aux élèves de milieux défavorisés (à partir de 2012/13, 25 % des élèves seront dotés de kits de fournitures scolaires) et dispenser les écoles de cantines (100 nouvelles cantines ouvertes chaque année pour progressivement porter à 45 % en 2020 le pourcentage d’écoles disposant d’une cantine). Le Plan prévoit aussi la construction et l’équipement de 69 jardins d’enfants publics dans les zones défavorisées. Il est toutefois difficile d’évaluer la portée de ces retombées.
Le ministère des Affaires sociales, de l'Enfance et de la Famille et le ministère de l’Intérieur traitent ensemble la problématique des enfants de la rue. Un enseignement et une formation professionnelle sont dispensés aux enfants de la rue par le Centre de protection et d’intégration sociale des enfants (CPISE). Le Centre poursuit aussi la mission d’encadrement psychologique, juridique et social des autres enfants vivant des violences, l’exploitation, de la discrimination, des abus et de la négligence. Ce Centre permet le repérage, l’orientation, dl’accueil et la protection de ces élèves, en vue d’un retour à l’école et de leur scolarisation.
L’éducation est principalement sous la responsabilité du ministère de l’Enseignement fondamental et secondaire. Le ministère des Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille met en œuvre des programmes de promotion de l’éducation familiale et est responsable d’assurer l’égalité d’accès des personnes vulnérables, y compris les personnes handicapées, les autochtones et les enfants en situation vulnérable, à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnelle. Cette responsabilité est partagée avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et des Nouvelles Technologies est chargé, entre autres, d’introduire les TIC au niveau de l’éducation, à travers un programme E-éducation. En outre, le ministère des Affaires islamiques et de l'Enseignement originel est chargé de promouvoir l’enseignement originel et de s’assurer de l’intégration de ses sortants au sein du système éducatif. Enfin, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement du Territoire est responsable de faire construire des établissements scolaires qui soient adaptés aux enfants, aux personnes handicapées et aux deux sexes. Il veille aussi à adapter les établissements existants à cette fin et fournir un cadre d’apprentissage effectif qui soit sûr, exempt de violence et accessible à tous.
Un conseil national multisectoriel créé en 2013 par décret 2010-222 est chargé de la promotion des personnes handicapées. Ce conseil est présidé par le conseiller du premier ministre. Les organisations représentant les différentes catégories des personnes handicapées font partie de ce Conseil, mais le département de l’Éducation n’est pas suffisamment impliqué dans la prise en charge des élèves handicapés. Pour les enfants handicapés, il existe une coordination régionale, mais cette dernière n’a ni siège ni activités perceptibles.
Le Plan d’action triennal du secteur de l’éducation 2016-2018 prévoit enfin certaines actions pour améliorer le système de gouvernance, dont la mise en place de structures consultatives et d’arbitrage pour le système éducatif et d’un système de communication adéquat. Actuellement, la gestion de l’éducation reste relativement centralisée. L’État aspire à accorder davantage de compétences et de ressources aux acteurs régionaux et locaux et à mettre en place des dispositifs de coordination, de participation et de partenariat.
Infrastructures et services
Pour l’éducation spécialisée des enfants handicapés, le Centre de formation et de promotion sociale des enfants en situation de handicap (CFPSESH), sous tutelle du ministère des Affaires sociales de l’Enfance et de la Famille, assure un transport au moyen de deux bus. Ce Centre qui veille à la scolarisation d’enfants sourds, aveugles, déficients intellectuels, autistes et handicapés moteurs dispose d’une cantine scolaire et d’un dortoir interne. Le Centre est toutefois confronté au manque de formateurs professionnels et d’enseignants spécialisés, à l’absence de manuels scolaires adaptés, au manque d’encadrement et de suivi pédagogique et aux difficultés de continuer des études au niveau secondaire.
Curriculum
Le cursus scolaire du CFPSESH se limite à l’enseignement fondamental de la première à la sixième année et du jardin d’enfants. Il offre des ateliers d’arts plastiques, de menuiserie (pour garçons seulement), de couture (pour filles seulement), de formation en informatique et Internet, etc. Le Centre enseigne dans la langue des signes arabes unifiés et américains et en braille.
Matériel didactique et TIC
Le Conseil national multisectoriel chargé de la promotion des personnes handicapées (CNMCPPH) note l’absence de supports pédagogiques adaptés aux besoins des enfants handicapés sensoriels, visuels et intellectuels.
L’Institut pédagogique national est chargé d’assurer la formation continue des enseignants et des encadreurs pédagogiques. Le CNMCPPH aspire à introduire un module de formation sur l’éducation spécialisée au niveau de l’école normale des instituteurs. En outre, le Plan d’action triennal du secteur de l’éducation 2016-2018 souhaite faire adopter une approche de genre en gestion de grands groupes dans les formations des enseignants, des inspecteurs et des directeurs des collèges ruraux. Enfin, on note l’absence de politique nationale de formation des formateurs spécialisés.
Il n’y a pas de rapport de suivi sur l’éducation. Il n’y pas non plus d’indicateurs pour faire un suivi de l’éducation inclusive.